Victimes des sectes : une association pour leur venir en aide

L’association d'Aide aux Familles et Individus victimes de secte, créée il y a 10 ans, défend les citoyens victimes de dérives sectaires. C’est la seule de ce genre en Alsace où il existe beaucoup de mouvements organisés pour abuser de la confiance des personnes fragiles. Ses organisations touchent toutes les catégories de la population, des plus jeunes aux plus âgées, dans des domaines comme la santé, le bien-être ou l’éducation. Entretien avec Michèle, la trésorière, et Christiane, la présidente.

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©Les Eblouis

Les pratiques des groupes sectaires tombent sous le coup de la loi en cas d’abus de l’état d’ignorance et de faiblesse, de séquestration et de mauvais traitements, d’exercice illégal de la médecine, de non-respect de l’obligation d’enseignement, d’escroquerie, d’abus de confiance, de vol, de viol et de meurtre. Les organisations à dérives sectaires qui prospèrent en Alsace
sont-elles hors-la-loi ?

ADFI : C’est bien ça le problème. Ce sont des organisations totalitaires où il n’existe aucun intérêt général, uniquement des intérêts personnels, elles sont antidémocratiques et… borderline, elles savent jusqu’où aller. Parfois, elles mettent le pied à côté et c’est là que l’on peut faire quelque chose. Quand il y a captation d’argent, d’héritage, ou séquestration. Une fois que l’on a monté un dossier et que quelqu’un souhaite porter plainte, on prévient les référents spécialisés avec lesquels nous travaillons. Ils ont confiance en nous. Généralement, la police fait une enquête et nous obtenons des résultats. 

On estime à plusieurs dizaines le nombre d’organisations sectaires en Alsace, c’est cela ? 

ADFI : C’est très difficile de le savoir, avant il y avait de grandes organisations comme les Témoins de Jéhovah, l’Église de Scientologie, le Cercle Moon, aujourd’hui, il y a beaucoup de petites ramifications et de nouveaux gourous autoproclamés qui essayent d’exploiter la crédulité d’un petit groupe pour vivre très correctement et exercer leurs talents de dictateur. Il est impossible de connaître le nombre d’organisations à dérives sectaires, mais il y en a beaucoup, elles se renouvellent en permanence. 

Quels sont les signes annonciateurs d’embrigadement ? Comment peut-on reconnaître quelqu’un qui essaye de nous embarquer dans une organisation ?

ADFI : Ça commence par la séduction. En général, ils sentent quand ça ne va pas et font tout pour mettre les gens en confiance, pour les valoriser. Ils sont très sympathiques. Si vous traversez une période compliquée, si vous êtes fragile, un peu isolé, si vous avez perdu quelqu’un, ils arrivent au bon moment. C’est pour ça que l’on peut se faire piéger sans s’en rendre compte. Comme ils ont été sympas avec vous, à un moment, ils vont vous demander un service, puis ils vont vous endormir et vous isoler de votre milieu, diaboliser vos amis, votre famille. Il y a trois mots importants pour ces organisations : sexe, pouvoir et argent. Quand les gens viennent nous raconter ce qui s’est passé, on a du mal à y croire.

Combien de dossiers avez-vous traités depuis le début de l’année ?

ADFI : 60, et il y a une augmentation par rapport à l’année dernière. Je voudrais dire deux choses importantes, les gens peuvent porter plainte anonymement. Et ici, à l’ADFI, on ne les juge pas.

Pensez-vous que tout le monde peut se retrouver un jour victime d’une organisation à dérives sectaires ?

ADFI : Oui. À n’importe quel niveau de la société ; on le voit ici, à la permanence de l’ADFI, quand les gens vident leur sac pendant deux ou trois heures. Ce sont des histoires terribles.  

ADFI Alsace : 06 12 40 87 47 aux heures de bureau. www.adfi-alsace.org