Vanessa Eichwald, Les missions prioritaires du Centre socio-culturel de Haguenau.

La plupart des Centres socio-culturels de France comptent cinq fois moins de salariés que celui de Haguenau. Nous avons rencontré Vanessa Eichwald pour comprendre pourquoi la structure qu’elle dirige depuis 2014 fait partie des gros CSC de France. Née à Haguenau en 1976, elle est une vraie Haguenovienne, une vraie de vraie, éduquée chez les bonnes sœurs : « Ça influence les valeurs » dit-elle le sourire jamais très loin de ses mots.

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Quand vous avez pris la direction du Centre, vous étiez 37. Vous êtes 60 aujourd’hui, comment expliquer cette augmentation ?

On a fait plein de cadeaux. Quelque temps après ma prise de fonction, la CAF a souhaité que l’on soit plus présent sur le quartier les Pins, un quartier prioritaire de la ville, dans le but de bénéficier d’un autre agrément
« centre social », et nous l’avons obtenu. Mais pour cela, il a fallu faire des diagnostics, des études de besoin, d’orientation, consulter les habitants et déposer un projet. On s’est retroussé les manches. Du coup, en 2017, la ville a fait appel à nous pour prendre en charge deux périscolaires maternelles, nous avons engagé dix personnes de plus. Après, nous avons décroché l’ensemble des périscolaires élémentaires de la ville, ce qui fait que nous sommes passés à plus de 60 salariés. À chaque fois, les financeurs ont suivi.

À qui rendez-vous des comptes ?

En premier, à la CAF. Ensuite à la ville, mais plus encore à la Communauté d’agglomération qui est notre principal financeur avec plus de 35 % de notre budget de 2,6 millions d’euros.
Il y a aussi le Conseil départemental pour toute la partie jeunesse et l’État sur les questions de la politique de la ville.

Quelles sont les missions du centre socioculturel ?

La première est d’être au service de la population, sans discrimination. La deuxième, devenir un laboratoire d’expérimentation pour les nouveaux besoins sur le territoire. Enfin, et c’est l’une des particularités de notre centre, on s’adresse à toutes les générations, avec des actions que l’on mène pour eux ; nous accueillons les parents et leur nouveau-né, les enfants ou les séniors. Notre adhérente la plus âgée vient de fêter ses 96 ans.

Quel est leur principal besoin ?

La convivialité. Les rencontres. Au-delà des besoins primaires, celui d’échanger est très important. Pendant l’année, nous proposons un certain nombre d’animations, certaines à grande échelle, comme le Festival des jeux qui a réuni plus de 4000 personnes quand nous avions transformé le centre-ville de Haguenau en plateau de jeu géant.

Vous êtes présents dans le quartier les Pins, le quartier le plus pauvre du Bas-Rhin…

Oui, depuis 1980. Nous menons des actions orientées vers la jeunesse et les parents. Ce qui me rend fière, c’est quand un jeune qui n’avait pas l’environnement, pas l’égalité des chances pour réussir comme les autres, vient me voir en famille en disant qu’il a créé sa société, que c’est important pour lui, car à un certain moment nous avons fait partie de sa vie, juste à un moment, en toute humilité, nous ne sommes pas Zorro. Si ce gamin est reconnaissant, qu’il me présente sa famille, cela me rend particulièrement fière.

Quels sont les événements à venir ?

Il y a l’organisation d’une colonie pour séniors au mois de septembre, nous allons constituer un groupe qui décidera de tout ensemble, la destination, le budget. Et puis, cette année, avec l’hôpital et son unité des addictions, avec tous les partenaires jeunes de la ville, nous menons un projet baptisé « Dédale de vie », à destination des collégiens et des lycéens, autour des conduites à risques. Notre idée est de débattre et de leur donner les clés pour qu’ils apprennent à dire non, et c’est bien plus facile quand on est bien dans ses baskets.