Une stèle à la mémoire d’un GI tombé pour la France

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À Dambach, dimanche 26 août, une stèle commémorative a été inaugurée en mémoire de John Wesley Powers, jeune GI américain mort au combat le 4 janvier 1945. Sa fille et son neveu étaient présents.

Bilan humain dramatique avec plus de 60 millions de morts, civils et militaires, la Seconde Guerre mondiale aura entraîné avec elle des hommes épris de liberté de toutes nationalités confondues. Plus de 400 000 soldats américains ayant quitté famille et patrie perdront la vie sur le chemin du devoir. Parmi eux, John Wesley Powers.

L’histoire d’une vie

John Wesley Powers est né le 16 avril 1925 à Paris, Tennessee, USA. Il grandit au milieu de 10 frères et sœurs. Il rencontre Rosa Lee Crawford et l’épouse. En août 1943, alors âgé de 18 ans, il s’enrôle dans l’armée américaine et est incorporé à la 45e Division d’infanterie. Il est affecté au 157e régiment, 2nd bataillon, Compagnie H en tant que mitrailleur.

En février 1944, il débarque une première fois à Anzio en Italie, et participe aux terribles combats qui font rage. Le 15 août 1944, il débarque, une seconde fois, à Sainte-Maxime dans le Sud de la France suite au transfert de son unité pour prendre part à l’opération Dragoon. Débutent alors 86 jours de combats sans relâche qui le mèneront jusqu’en Alsace-Lorraine.

Le chemin de la liberté et du devoir

Après un repos de 2 semaines près d’Épinal, le 27 novembre 1944, John Wesley Powers reprend le combat. Son chemin de la liberté et du devoir traverse les communes de Weinbourg, Ingwiller, Bischholtz, Zinswiller, Oberbronn, Niederbronn, Langensoultzbach, Mattstall et Lembach. Le 16 décembre 1944, son unité entre en Allemagne (Schönau, Fischbach bei Dahn, Bundenthal) avant de devoir s’en retirer. Elle regagne la vallée du Schwartzbach au début de l’année 1945. Le 1er janvier, l’armée allemande lance une dernière offensive sur le front de l’Ouest : l’opération Nordwind débute.

La 45e Division d’infanterie est en première ligne et essuie le gros de l’attaque. Le 4 janvier 1945, à 4 heures du matin, John est stationné au niveau du blockhaus près de l’église à Dambach. Il fait partie d’un peloton de 10 soldats lorsque leur position est attaquée par l’armée allemande. Grièvement blessé, il est évacué vers un poste de secours allemand mais John ne survit pas à ses blessures.

Plus jamais ça

John Wesley Powers tombe pour la France le 4 janvier 1945. Il est enterré au pied du calvaire à Neudoerfel. D’un côté y repose John, de l’autre un soldat allemand. Sur la croix les séparant est gravé “JW. Powers USA gefallen 4, jan. 1945”. L’armée allemande transmet un croquis au maire de Dambach indiquant l’emplacement de la tombe. Le 29 avril 1946, le corps de John est transféré au cimetière militaire américain de Saint-Avold. Rapatrié deux ans plus tard, il repose depuis l’automne 1948 au cimetière d’Olive Branch, près de Como, Tennessee, USA.

Un devoir de mémoire pour échapper à l’oubli

Durant l’été 2012, Jerry Neumann, neveu de John Wesley Powers, traverse l’Atlantique accompagné de son épouse, Gayle. Ils découvrent le chemin emprunté par John près de 70 ans plus tôt. Un chemin empreint d’émotions pour Jerry qui décide de financer une stèle commémorative en mémoire de John.

Le dimanche 26 août 2018, Jerry, Gayle et Judy Powers, la fille de John, étaient présents lors de l’inauguration de la stèle. Judy est née en 1944. John a découvert son visage à l’aide d’une photographie, quelque part, loin de chez lui. « La Croix Rouge l’a informé de ma naissance » raconte Judy. « Ce sont ma mère et mes oncles qui m’ont appris à connaître mon père. J’ai toujours su que c’était quelqu’un de bien, il s’est enrôlé dans l’armée par devoir. Et il avait aussi le sens de l’humour ». Judy grandit et exauce son rêve : devenir infirmière. « Aujourd’hui je me demande encore si mon père serait fier de moi » confie-t-elle.

Après la découverte de la stèle commémorative, Christian Wackermann, membre de la MJC de la commune, a remis à Judy une des balles retrouvées pendant les travaux effectués au sein du blockhaus, derrière l’église à Dambach, dont l’ouverture au public a également été inaugurée ce dimanche. Pour Judy Powers, ce fut « un moment d’émotions particulier qui se déroule à l’endroit même où mon père a posé pour la dernière fois ses pieds sur terre ».

Pour la France. Pour la paix. Pour la liberté.