Sylvie Reff « Au contact des enfants, on se rend compte des besoins essentiels d’un être humain »

L’artiste alsacienne Sylvie Reff partage son temps entre l’écriture, la musique, la composition et bien d’autres activités. Elle présente son dernier recueil de poèmes, «Innocence sans frontières», un beau livre dans lequel ses textes font écho aux photographies d’Albert Huber, et qui traite de l’enfance aux quatre coins du monde.

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Quelle a été l’idée de départ du livre Innocence sans frontières ?

Je connais le photographe Albert Huber depuis plusieurs années. Il a beaucoup voyagé et il en a profité pour prendre des clichés un peu partout dans le monde. Il y a deux ans, il m’a envoyé quelques photos d’enfants de différents pays. Lorsque je lui ai dit que cela ferait un beau livre, il a répondu : « D’accord, si tu écris les textes ! ». J’ai alors composé une cinquantaine de poèmes, à partir des images, sans savoir où et quand elles avaient été prises. Je ne l’ai découvert que par la suite. L’idée de ces poèmes était de raconter la vie d’un être humain, avant la conception, pendant la grossesse, puis son enfance, jusqu’à ses 14 ans à peu près, jusqu’à ce qu’il soit assez grand pour se débrouiller sans ses parents.

La couverture représente notre planète, pourquoi ce choix ?

Oui, je voulais une planète Terre avec quatre frimousses, deux filles et deux garçons, qui représentent les différents continents. Pour moi, les enfants sont très importants. Ce sont eux qui nous éduquent.
À leur contact, on se rend compte des besoins essentiels d’un être humain. Ils ont besoin d’un lien, d’une relation de confiance, d’amour, tout simplement.

Cet ouvrage n’est évidemment pas le premier que vous publiez. Avez-vous d’autres projets ?

Oh oui, je suis retraitée depuis plusieurs années, mais je reste active. J’ai toujours plusieurs projets en cours ! Je m’occupe avec bonheur de mes sept petits-enfants et je continue à écrire. Je pense à mes prochains livres. Je souhaite par exemple raconter l’histoire de ma mère, dont la jeunesse a été volée par la guerre. Ce sera aussi l’histoire des Alsaciens en général, et de la façon dont ils ont vécu la Deuxième Guerre mondiale et les années suivantes.

Vous êtes également très connue pour vos chansons en alsacien. Continuez-vous à vous produire sur scène ?

J’ai toujours pratiqué la musique. Lorsque j’ai composé mes premières chansons en alsacien, paroles et musique, je n’ai trouvé personne pour les chanter. Je les ai alors interprétées moi-même. J’ai sorti quatre disques et j’ai donné des concerts dans toute l’Europe. En ce moment, ce n’est plus possible, mais je viens volontiers donner des concerts quand on m’invite. Parfois, je m’accompagne moi-même, au piano ou à la guitare, d’autres fois, des musiciens partagent la scène avec moi.

Poésie, littérature, chant. Avez-vous encore d’autres cordes à votre arc ?

J’ai encore un autre projet. J’ai écrit il y a 35 ans le scénario d’un film. C’est l’histoire d’un petit garçon et de son grand-père alsacien. On retrouve là encore le thème de l’enfance. J’ai confié le texte à des réalisateurs et j’attends leur réponse. À ce propos, un peu par hasard, moi et ma famille sommes devenus acteurs dernièrement ! Une équipe de France 3 est venue nous filmer dans ma maison de Ringendorf, pour montrer les traditions de Noël d’une famille alsacienne. Avec mes petits-enfants, nous leur avons alors interprété de beaux chants de Noël.

Vous habitez à Ringendorf, mais vous êtes également très attachée à la ville de Bischwiller.

Oui, je suis née à Bischwiller, et j’y retourne très souvent. Je reste active dans la ville. Par exemple, je fais partie du jury du Prix Clemenceau depuis une quinzaine d’années. Il existe même dans ce concours le Prix « Sylvie Reff », qui récompense les meilleurs poèmes en allemand ou en alsacien. Et je fais de temps à autre des visites guidées du
« Dichterwaj », le sentier des poètes de Bischwiller, qui a été inauguré en 2015 à mon initiative.
 


 

Sylvie Reff est née le 19 juillet 1946 à Bischwiller. Après ses études, elle est devenue professeure de lycée, s’est mariée, a eu quatre enfants et sept petits-enfants. En parallèle à son métier, elle a publié depuis 1971 une vingtaine
d’ouvrages : romans, recueil de poèmes, essais, etc. Auteure, compositrice, interprète, elle a également donné près de trois cents concerts dans toute l’Europe et a enregistré quatre disques entre 1978 et 1995. Tout au long de sa carrière, elle a reçu divers prix, comme le Bretzel d’Or Arts et Traditions d’Alsace en 1982, le Grand prix de Littérature en 2003 ou le Grand Prix André Weckmann Summerlied en 2014. Aujourd’hui retraitée, elle poursuit ses projets dans sa belle maison à colombages de Ringendorf.