ST-ART, l’âge de ses arts-terre

ST-ART fêtera sa 25e édition du 26 au 28 novembre. Par la force des choses du COVID-19, la foire n’a pas pu avoir lieu il y a un an, mais elle revient cette année pour offrir au public de collectionneurs, institu- tionnels, professionnels et amateurs, un panorama de la création artistique contemporaine. ST-ART, la plateforme de diffusion des artistes plasticiens, reprend son vol cette année après 18 mois de disette, avec des messages forts dans les allées du Parc Expo de Strasbourg.

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©Bartosch Salmanski

Avant la Covid, le nombre de foires d’art contemporain était sans doute trop important. Les exposants, les artistes et les visiteurs étaient très, ou trop sollicités. La lassitude était là. Une pandémie plus tard, tout a changé, il existe une vraie demande des artistes, des galeristes et des collectionneurs. ST-ART arrive à point nommé pour entrer dans une nouvelle ère : « On est hyper content de pouvoir refaire cette proposition et de fêter enfin les 25 ans de la Foire », lance Patricia Houg, directrice artistique du premier événement français d’art contemporain et de design en région.

25 éditions, cela vaut son pesant de verres de champagne, d’échanges, de ventes, de vernissages, d’accrochages, de décrochages, et d’autres mots en « age », mais ce qui est certain, c’est que la Foire arrive à l’âge de la maturité. Et même si le nombre de galeries sera un peu en dessous chics des années chocs, la région reste porteuse, les collectionneurs, les visiteurs et les acheteurs occasionnels qui viennent régulièrement depuis toujours ont très envie de revenir, sans doute parce que, comme le dit un vieil adage, l’art rapproche les hommes.

Patricia Houg, directrice artistique de ST-ART. ©DR

Le galeriste tient un rôle essentiel

Cette année les galeries seront certes moins nombreuses, mais elles viendront encore une fois de presque partout et c’est une excellente nouvelle, car elles sont indissociables de l’art contemporain en général et de ST-ART en particulier. « En fait, le galeriste est le premier commissaire d’exposition. C’est lui qui déniche les artistes, lui qui a l’intime conviction qu’il fait le bon choix, et il va emmener ses artistes et les défendre, c’est celui qui prend le premier le risque de montrer un artiste parce qu’il croit en son travail. C’est le premier tremplin. Le galeriste qui diffuse est indispensable. Le numérique ne remplace pas le réel, les acheteurs ont besoin de voir les œuvres avant d’investir. Acheter un Soulages sur Internet, on connaît l’œuvre, il n’y a pas de problème, mais un artiste émergeant ou confidentiel soutenu par un galeriste doit passer par les foires pour se construire », analyse Patricia Houg.

Une édition placée sous le signe de l’écologie

La création contemporaine est plus que jamais indispensable à notre époque, alors cette année, parmi les nouveautés, Patricia Houg a réuni 6 artistes dont le travail questionne les enjeux écologiques. Pour A Deux-jaune, Ha Cha Youn a utilisé les sacs plastiques emportés par le vent que l’on retrouve trop souvent dans la nature. Jérémy Gobé est maintenant un artiste reconnu et toujours engagé, il a développé un process pour conserver la barrière de corail, Corail artefact est le titre de son exposition. Clay Apenouvon propose son Film Noir, il représente la marée noire des peuples qui perdent leur identité et viennent se réfugier en Europe. Il y aura aussi Vaughn Bell et Biosphère, Village Green qui présentera des structures de type terrarium, créées en collaboration avec la botaniste Pati Vitt du Chicago Botanic Garden. D’autres artistes complètent le « casting », Ryo Tomo avec La pollution est-elle un art dégénéré ? ou Luc Lapayre avec Ouh là là il va faire très chaud.

Le Grand Est est au rendez-vous

À retenir également sur le stand de la région Grand Est, l’exposition Il n’y a pas de planète B : « C’est incroyable. Quand la région nous a proposé ce projet, je n’en revenais pas. Sur leur stand, il y aura un happening, de la vidéo, et on montrera que l’on peut aborder ce sujet d’une façon monumentale ou plus intime, mais que c’est tout aussi fort. Cet espace sera dédié à une exposition composée d’installations, d’œuvres de grandes dimensions et questionnera la définition même de l’artiste et du rôle social de l’œuvre d’art comme engagement esthétique, culturel, éthique », poursuit la directrice artistique.

Raymond Waydelich, l’artiste alsacien vivant le plus populaire en France. La nuit du crocodile, 2012.

Raymond Waydelich, l’enfant du pays sera à l’honneur

Il était déjà présent dans la première version de la Foire, il y a 25 ans. Mieux, il a été présenté à toutes les éditions de ST-ART, sans exception. En 50 ans de carrière, l’artiste alsacien vivant le plus populaire en France n’a pas eu besoin de ST-ART pour être reconnu : « Malgré son parcours, sa grande notoriété et toutes ses expositions, il a continué à être présent. Cet hommage est une façon de le remercier de sa fidélité à ST-ART », explique Patricia Houg. L’exposition sera proposée par la galerie strasbourgeoise l’Estampe.

La fête de l’art contemporain

Comme lors de toutes les éditions, il y aura beaucoup de choses à découvrir dans les allées de la foire, car les galeristes viendront de Paris bien sûr, du territoire de la région aussi, mais les organisateurs sont soulagés. Leur crainte était d’avoir une foire uniquement française, finalement elle sera internationale (même sans les États-Unis ou la Chine) : « Ils sont très courageux nos exposants de venir chez nous dans ce contexte, mais cela signifie qu’ils en ont vraiment envie. On va essayer de proposer une vraie fête », conclut Patricia Houg. Le mot en « age » qui résume bien cette 25e édition de ST-ART est le mot partage.


 

L’histoire de ST-ART

D’abord baptisée SIAC, elle fut créée par Alain Lamaignère (1946-2015), qui en assurera la direction jusqu’en 2000. En1997, elle est devenue ST-ART. En 4 ans, l’événement a connu un succès fulgurant. ST-ART défendait déjà les galeries françaises avec un fort ancrage dans l’Est de la France. En 2015, sous l’impulsion du Groupe GL Évents, la Foire a pris un nouvel élan. Chaque édition présente une grande institution culturelle ou une exposition en lien avec la thématique de l’année. En 2016, Patricia Houg a été nommée directrice artistique.

©Édouard Muller