Sébastien Loeb Racing au-delà du nom, la performance

Derrière le nom, pas de doute. L’ancien champion du monde des rallyes, et Haguenovien d’origine, a monté une structure de course avec son ancien mentor, Dominique Heintz. C’est ce dernier qui pilote le Team, avec une vision acérée et une exigence de tous les instants pour ses 20 salariés.

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Rallye, endurance, tourisme… le SLR s’illustre dans tous les domaines / ©JH

 

Le moins qu’on puisse dire, c’est que pour trouver les bureaux du Sébastien Loeb Racing, il faut connaître. Deux, trois coups de volants bien sentis dans la zone d’activité de Soultz-sous-Forêts, et vous apercevez les camions de course de SLR. Ici, plus ou moins à l’abri des regards, on prépare les voitures qui partiront aux quatre coins de l’Europe, en rallye, en tourisme… Quelques projets plus secrets y trouvent aussi leur place. 

Dominique Heintz est le patron de l’écurie. Il nous reçoit tout sourire, derrière son masque. D’emblée, il se défend de toute opacité : « C’est pas cloisonné de façon étanche ici », rigole celui qui a lancé Sébastien Loeb en rallye il y a… longtemps. « On n’a rien à cacher, même si on a certaines consignes des constructeurs. On ne peut simplement pas communiquer sur certains programmes. » 

Dominique Heintz est un patron toujours aussi passionné par son métier ©HF

Des programmes constructeurs prestigieux

La grande question est donc de savoir : que fait-on au Sébastien Loeb Racing ? « On a un programme principal qui est actuellement le développement de la Hyundai électrique pour le prochain championnat E-TCR. Ensuite on est engagé en TCR Europe avec quatre Elantra. Hyundai nous a aussi autorisé à les acheter – parce qu’ils peuvent aussi refuser – et on les seuls à avoir ce modèle, qui n’est même pas commercialisé en France. Pour finir on a un programme « rallye » qui consiste surtout à accompagner des jeunes. On veut faire en sorte que des gars qui sont des bons pilotes n’aient pas d’œillères. La bonne trajectoire, ce n’est pas forcément celle qu’on regarde. » 

Savoir vivre avec son temps et anticiper

Le sport mécanique est à une période un peu charnière, celle des nouvelles énergies. Les ingénieurs et mécaniciens de SLR sont donc régulièrement formés pour continuer à faire la course en tête, notamment sur le domaine de l’électrique ou de l’hydrogène. Ce n’est pas anodin si Hyundai a confié un de ses programmes liés à l’électrique aux Alsaciens. « Mais avoir de beaux programmes, ça oblige à être bons », rigole Dominique. « Cela dit, on a une vraie place à prendre : travailler avec les constructeurs pour toute la partie exploitation. Ils ont des ingénieurs en recherche et développement, mais ils ont besoin de monde pour exploiter et perfectionner tout ça sur le terrain. Le problème, c’est qu’on va être la variable d’ajustement. » Ce qui fait dire au patron qu’ici, « tout le monde est en CDI, sauf l’entreprise, qui est en CDD renouvelable tous les ans.» Histoire de dire qu’il ne suffit pas d’être bon une fois, mais qu’il faut sans cesse prouver, face à
une concurrence aiguisée. 

Pour finir, on peut aussi s’estimer heureux d’avoir un tel Team dans la région. Oui, le Sébastien Loeb Racing aurait pu s’installer ailleurs. Des propositions sont venues du Technopôle du Mans, mais aussi du circuit Paul-Ricard, des lieux ô combien prestigieux dans le sport auto français. « On a voulu que ça reste dans la région», assène, fièrement, Dominique Heintz. « On est Alsaciens avec Seb, on veut perpétuer nos valeurs, ici, avec pourquoi pas de beaux partenariats avec des entreprises de la région. » Et puis c’est bien connu, l’Alsace, c’est une terre d’excellence. La preuve. 

Les voitures sont souvent désossées pour être remontées au millimètre ©JH

Pas si facile de porter le nom de Sébastien Loeb

Dominique Heintz en a entendu plus d’un glisser qu’avec un tel nom, c’était « facile ». « Mais les budgets, il faut les trouver ! », explique avec passion le directeur de SLR.
« C’est une vraie entreprise, avec un vrai business model et un vrai business plan. La performance, il faut aller la chercher. En 2014, on fait 8e aux 24H du Mans pour notre première participation. Là, Citroën a commencé à s’intéresser. Alors oui, Seb, Citroën… Ok. Mais derrière, quand Citroën arrête le WTCC, c’est Volkswagen, le concurrent, qui vient nous solliciter. Là, j’étais fier. On a été pris parce qu’on faisait du super boulot, pas parce qu’on porte le nom de Loeb. » De la même manière, le géant Hyundai ne confierait pas ses programmes constructeurs à SLR juste par amitié pour Sébastien Loeb. Les enjeux sont beaucoup trop importants. SLR a aujourd’hui dépassé son nom et s’est imposé comme une référence à part entière du sport mécanique. 

Le chiffe : 1995

L’année de rencontre entre Dominique Heintz et Sébastien Loeb. Le premier a mis le second sur les bons rails, et le talent a fait le reste. Depuis, l’amitié ne s’est jamais démentie, et ils ont fondé Sébastien Loeb Racing il y a maintenant dix ans, en octobre 2011.