Sacré claque

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La semaine dernière, ma voisine m’a invité à boire une bière, histoire de nous rafraîchir. On regardait les infos et les images de Belmondo tournaient en boucle. C’est là qu’elle m’a demandé : La mort transforme-t-elle n’importe qui en héros ? Pas certain, j’ai répondu. Les monstres sacrés l’étaient déjà de leur vivant. Belmondo l’était tellement. Un sacré numéro, un sacré acteur, un sacré mec qui a passé sa vie à s’intéresser aux autres en jouant la comédie.

Mais il est souvent plus facile de trouver des qualités rares à un être humain qui vient de passer l’arme à gauche, elle a ajouté en passant son pouce sur sa bouche. Elle a raison ma voisine, mais personne ne va se réjouir de la mort. Peut-être parce qu’à chaque disparition, elle nous rapproche de la nôtre. L’histoire finira mal, on le sait, même si on repousse l’idée de toutes nos forces.

Souvent, quand la mort l’emporte, on en rajoute, on en fait des caisses, toc toc badaboum, mais pour Jean-Paul Belmondo, on n’en fera jamais assez, il était, il est, le genre d’humain qui donne aux autres l’envie d’être vivant. Quand on regarde ses interviews ou ses films, on rêve, on pleure, on a peur, on est ému. Borsalino, Pierrot le fou, Peur sur la ville, Le professionnel, Itinéraire d’un enfant gâté, tellement d’autres qui ont marqué nos vies. Et puis, À bout de souffle qui restera dans l’histoire, pas seulement dans celle du cinéma. C’est le film de la nouvelle vague, une œuvre devenue éternelle, comme son héros, tant sa force et sa jeunesse éblouissent et claquent encore aux oreilles des nouvelles générations.

« Qu’est-ce que c’est dégueulasse?», m’a murmuré ma sacrée voisine, comme Jean Seberg regarde la caméra à la fin d’À bout de souffle. Ce qui est dégueulasse, c’est la mort. La nôtre.