Retour rue des Fourmis #16 Les Hongrois

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Ambroise Perrin ©EG

La Fête du Houblon, c’était très chic de la trouver très plouc. Mais on allait quand même au défilé, et aussi manger des knacks à la Halle au Houblon pendant les danses folkloriques de tous les pays du monde.

C’est l’accordéon qui faisait la différence, l’accordéon qui faisait vraiment plouc. Bientôt, j’allais écouter « Campus » sur le transistor Nordmende que Mémé avait eu à l’hôpital; sur Europe 1, Michel Lancelot passait des chansons avec de longs solos de guitare électrique d’Amérique. Avec les copains, j’étais plus Beatles que Rolling Stones, sauf Satisfaction et Jumping Jack Flash. Quand j’entendais une chanson de Revolver à la radio, j’avais vraiment envie d’écouter celle qui était la suivante sur le disque, tellement je l’avais dans l’oreille. Une année, l’autocar des Hongrois est tombé en panne, un essieu avait cassé, il était trop vieux, et le garagiste de papa, en haut de la route de Strasbourg dans la petite rue qui donne sur la rue du Prêteur, leur avait dit qu’il allait le ressouder. C’était long, et papa a ramené les quatre Hongrois dormir à la maison dans la chambre des enfants, hop ! les filles avec les parents et les garçons au salon. C’était vraiment folklorique.

Au petit déjeuner, on a fait la fête, ils ont chanté et dansé pour nous remercier, ils criaient « sör » et « pivo », on croyait que c’était « merci » et « à bientôt » (non ! c’était « bière » et « bière » !), ils nous portaient, les enfants, sur les épaules pour tourner dans le salon, cela m’a vraiment donné envie de voyager, et c’est certainement mon meilleur souvenir de la Fête du Houblon.

Ambroise Perrin