Pierre Meyer : C’est en luttant qu’on devient luthier

À Haguenau, l’atelier du « Petit luthier » s’est spécialisé dans la réparation et la fabrication de guitares électriques. Pierre Meyer, chanteur et guitariste à ses heures, anime des stages de menuiserie pour permettre à des particuliers de créer leur propre instrument et de repartir avec.

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Maxi-Flash : Vous êtes spécialiste de la guitare électrique : est-ce courant chez les luthiers ?

Pierre Meyer : En réalité, la plupart des luthiers qui touchent à l’acoustique pourraient faire de l’électrique, et vice-versa. Dans ce métier, on finit par s’intéresser à tout. Les ateliers de création de guitares s’adressent d’ailleurs à tous les publics. Il y a autant de guitares que de personnalités !

Vous avez commencé la lutherie en 2012, c’est plutôt récent. Vous faisiez quoi avant ?

À la base, je suis surtout musicien, mais uniquement parce que je ne sais rien faire d’autre. Mon père et mon oncle travaillaient dans le bois et j’ai suivi ces traces tardivement. Tout est parti d’un stage de lutherie, à Langres, où j’ai pu fabriquer ma première guitare électrique. Ça a été le coup de cœur direct ! Pour le reste, je suis autodidacte. 

Aujourd’hui c’est vous qui animez les ateliers… la transmission, c’était la suite logique ?

En un sens, oui, mais j’étais déjà dedans. Pour l’anecdote, L’atelier du Petit luthier porte d’ailleurs le nom de celui qui m’a initié à la lutherie et m’a refilé cette passion, Xavier Petit. Au bout de deux ou trois ans, j’ai naturellement commencé à proposer quelques ateliers aux jeunes à qui je donnais des cours de guitare. Au final, c’est amusant de constater que ce sont surtout les néophytes qui s’intéressent à la fabrication !

Est-ce qu’il y a une philosophie liée à la matière que vous travaillez ? 

Je pense que tous les gens qui travaillent le bois ont cet « esprit anti-gaspillage », en recyclant ou en s’arrangeant avec de la récup. Chaque chute peut servir à créer une pièce. De mon côté, j’essaie de travailler avec d’anciennes essences d’arbres fruitiers, en cherchant à mettre en lumière les fibres, les dessins naturels du bois. Actuellement, je suis en rodage pour créer ma propre guitare : « la Kelsh », inspirée de la forme particulière des chaises de brasseries alsaciennes !

Quelles sont les conditions pour fabriquer un bel instrument ?

Le choix des bois est particulièrement important. L’acajou par exemple permet une bonne transmission des tons graves, tandis que l’érable offre des notes médiums aiguës. Certains recherchent des sons plus claquants donc ça sera de l’aulne, du frêne… la création s’adapte à l’envie du créateur. De toute façon, une guitare, c’est 50 heures, je ne peux pas donner toutes les infos d’un coup. C’est en luttant qu’on devient luthier…