Nouveau souffle

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Alors que je soufflais un peu, assis au fond d’un café en écrivant ma chronique, ma voisine s’est installée, elle a commandé un Spritz et elle m’a dit : « Au lieu d’écrire des conneries, tu pourrais tenter un record du monde et devenir célèbre », ce qui, je dois l’avouer, a toujours été mon ambition dans la vie. Pourquoi pas j’ai répondu, tu as une idée ? Y’en a plein elle a dit : grimper l’Everest en espadrilles, peler 10 kilos d’asperges le plus vite possible, avaler le plus de knacks en une minute, marquer un point à Roger Federer sur une jambe, regarder des émissions d’Hanouna sans vomir, faire Haguenau/Wissembourg une plume entre les deux fesses. Bien sûr, il faut des qualités que tu n’as pas, elle a ajouté, des nerfs d’acier, du souffle, de l’abnégation, ce n’est pas donné à tout le monde. J’ai répliqué que j’avais au moins un record du monde à mon actif : j’ai regardé 254 fois À bout de souffle de Godard. Et là, je ne l’ai pas senti venir, ma voisine a dit : et tu n’as toujours pas compris de quoi il parle ? Elle m’a «étouffé», c’était vraiment dégueulasse comme disait Belmondo dans le film. J’ai oublié l’idée de tenter avec elle le record du plus long câlin (qui est de 30 heures sans quitter les bras de son compagnon, facile) ou celui de l’épluchage et la dégustation de bananes en une minute (record à battre : 8 en une minute) ou encore celui du lancer de tong (39,56 mètres). Je suis rentré chez moi et j’ai bu un litre de bière en une seconde sans être essoufflé, ce qui ,je l’ignorais, est le record. Mais comme personne ne m’a vu, je n’ai pas fait mon entrée dans le Guinness Book. Et ça, c’est vraiment dégueulasse !