Notaire, une vie pour faciliter celle des autres

À 63 ans, Claudine Lotz est désormais la présidente de la Chambre des Notaires du Bas- Rhin. Avec un mandat de deux ans devant elle, son souhait le plus cher est de conserver les liens humains qui soudent la profession et qui la rendent proche des habitants.

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Maître Claudine Lotz entend conserver le lien fort entre les notaires et leurs territoires de prédilection / ©DOCUMENTS REMIS

Maxi Flash : Pour commencer, je dois vous appeler « Maître » ou « Madame Lotz » ?

Claudine Lotz : Maître, c’est un usage, comme pour un avocat. On est maître en droit, voilà. C’est un peu comme quand vous allez chez le médecin, vous dites « docteur ». Mais vous n’êtes pas obligé pour cette interview !

Vous avez été élue le 7 mai présidente de la Chambre des Notaires du Bas-Rhin. Quel est le rôle de cette Chambre ?

On est 185 notaires dans le département, donc elle est là pour organiser, réguler, animer la profession. On s’occupe de la formation pour les notaires, on gère la communication, et puis on est pas mal occupés par les nouvelles technologies pour qu’un maximum de personnes y adhère. C’est un métier qui a beaucoup évolué, avec désormais les actes électroniques, la signature à distance. Avec le Covid, ça nous a obligés à aller plus vite dans ces méthodes de travail. Et puis on est aussi là pour informer les gens avec la possibilité de faire une consultation gratuite. Voilà, c’est avant tout l’organisation de la profession, le suivi des comptabilités et puis les relations avec les autres métiers comme les avocats, les huissiers, les experts- comptables…

Vous succédez à Laurent Ritter… Un(e) président(e) peut insuffler une « politique » ou il / elle n’est là que pour la gestion que vous évoquez ?

Chacun a sa personnalité. On voit les besoins à venir de la profession. L’évolution est tellement rapide qu’on peine parfois à suivre. C’est une profession plus jeune, plus nombreuse, plus féminine aussi. Ça demande que tout cela tienne ensemble. Pour moi, le plus important, ma mission, c’est que l’on reste soudés.

Il faut aussi suivre les changements de législation qui sont réguliers…

Ah oui ! Sur le plan juridique, ça évolue tout le temps ! Mais la société change aussi. On ne fait plus un acte notarié comme il y a 20 ans. La pandémie a accéléré le mouvement de manière spectaculaire, simplement parce qu’on ne pouvait pas recevoir les clients. Il y a toute une réflexion sur l’acte « authentique », mais la signature devant notaire, ça a un sens ! Il ne faut surtout pas déshumaniser. Il faut qu’on rencontre les gens, qu’on puisse répondre à toutes leurs questions. On doit garder cette proximité. Sur le territoire, il y a un notaire tous les huit kilomètres. Dans les campagnes, c’est souvent le seul interlocuteur sur les questions juridiques. Les gens savent que leur notaire est là pour eux.

Les jeunes notaires qui arrivent dans le métier en ont-ils conscience ?

Oui. Ils ont tous commencé avec des stages, ils ont conscience de cette proximité même s’ils maîtrisent les nouvelles technologies. Ils connaissent ce besoin-là, mais ce sont aussi des valeurs qu’on doit continuer à leur transmettre.

Notaire, c’est un métier de passion ?

Je dirais que oui. C’est compliqué à faire comprendre. Aucun étudiant en droit ne se dit ‘je veux être notaire’ ! Ça ne fait pas rêver, mais oui, c’est un métier de passion parce qu’on est proche de ce qui est vivant, du cœur de la société. On est là à toutes les grandes étapes de la vie : le contrat de mariage – ou le PACS –, l’acquisition d’un bien immobilier, la résolution des conflits, la succession. Tout le monde a besoin d’être conseillé, même si aujourd’hui on voit des clients mieux renseignés grâce à internet. Ils ont quand même besoin qu’on les aide à faire un choix. Mais c’est comme le médecin : vous pouvez regarder vos symptômes sur internet, c’est quand même votre médecin le mieux placé pour savoir ce que vous avez !

Comment devient-on notaire ?

Des études de droit, une maîtrise en 4 ans, ensuite une année de Master et deux ans encore chez un notaire, qui se termine par un mémoire et un diplôme. Avec le droit local, il faut noter qu’ici en Alsace-Moselle on n’achète pas son étude. Les notaires sont nommés par le Garde des Sceaux. On est attaché, ici, à ce système parce qu’on devient maître de son étude au mérite.

Vous êtes depuis toujours à Val de Moder… Vous n’avez jamais eu envie de bouger ?

Ah non ! On est attaché à notre territoire, mais on travaille dans toute la France. Le lieu géographique est moins déterminant, même si bien sûr on connaît très bien tous nos clients ici.

Et vos petits plaisirs en dehors de votre vie de notaire ?

Alors déjà, du temps libre, on n’en a pas tant que ça ! On aime en général les choses assez calmes. Pour moi, c’est la lecture, la marche, et un peu de ski de temps en temps.