Nissan Qashqai DIG-T 140 : retrouver le devant de la scène

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Le règne du Qashqai sur son segment aura duré bien plus longtemps que celui de n’importe quel autre modèle. Mais celui-ci, entamé à une période où les SUV n’existaient pas encore, est aujourd’hui fort menacé. Nissan tente de lui insuffler un peu de sang neuf en profitant de la mise aux normes antipollution de son modèle phare. Le DIG-T 140 saura-t-il redonner sa gloire d’antan au SUV japonais ?

Pour bien comprendre l’importance du Qashqai dans l’histoire de Nissan et dans celle de l’automobile en général, il faut revenir sur la carrière de la première génération. On parle d’un temps que les nouveaux SUV ne peuvent pas connaître.

À l’époque, Nissan avait d’ailleurs déposé le nom de « crossover » et le titre « SUV » appartenait à Chevrolet. Le Qashqai premier du nom s’est écoulé à deux millions d’exemplaires dans le monde, dont les trois quarts en Europe et près de 200 000 en France. Il faut dire qu’à l’époque, le Qashqai n’avait pour seuls concurrents que des monospaces en quête d’un second souffle. En bon pionnier, le protégé de Nissan ouvrit ainsi une nouvelle ère… et fut emporté par l’appel d’air qu’il créa lui-même. On ne compte plus aujourd’hui les sorties sur ce segment désormais saturé. Le gâteau n’étant pas extensible à l’infini, chacun mange un peu moins à sa faim. Pour redonner de l’appétit à son véhicule phare, le constructeur nippon profite du passage aux normes Euro6d pour lui offrir un nouveau moteur, le 1,3 l DIG-T, disponible en 140 et 160 ch.

Un essence bien élevé

Ce bloc vient remplacer les deux anciens moteurs 1,2 l 115 ch et 1,6 l 163 ch des précédentes générations. Il faut dire que le premier n’avait pas laissé une trace indélébile dans les annales du Qashqai et que le second ne pouvait plus s’intégrer dans une démarche économe et écologique. Les vents contraires qui fouettent le diesel entraînent un net rééquilibrage des ventes, même si l’essence reste minoritaire sur le segment des SUV compacts, avec 24 % des immatriculations en 2016 contre 34 % en 2018. Le choix d’intégrer un bloc 1,3 l essence, notamment en 140 ch, se justifie donc pleinement. Ce moteur est une nouvelle preuve de la bonne santé de la collaboration entre l’Alliance et Mercedes. C’est en effet l’Étoile qui l’a conçu. Il accueille ainsi ce qui se fait de mieux actuellement en termes de lutte contre la pollution avec son filtre à particules, son injection encore plus pressurée et son collecteur d’échappement. Mais toutes ces améliorations ont un coût : la différence entre l’ancien bloc et le nouveau se paie 1 250 €. Nissan l’a directement répercutée à la note finale puisque le ticket d’entrée est désormais fixé à 26 950 €, contre 25 700 € auparavant. On pourrait penser que les 25 ch et les 50 Nm de couple supplémentaires justifient cet écart de prix : les performances ne bougent qu’à la marge avec un 0 à 100 km/h parcouru en 10,5 s contre 10,6 s. Le filtre à particules est passé par là et a absorbé une grande partie du gain de puissance en même temps qu’il a réussi à capter quelques grammes de CO2. Le malus passe tout de même de 253 à 90 €.

Côté agrément, ce moteur est plaisant à conduire, avec des reprises excellentes entre 80 et 100 km/h. Ce DIG-T 140 ch répond ainsi bien mieux à l’appel du pied droit que celui qu’il remplace et convient parfaitement au Qashqai.

Fiable et rassurant

Malgré une fin de règne plus anonyme, ce grand routier reste une valeur sûre grâce à son espace à bord immense, son poids contenu et ses lignes cohérentes. L’équipement est riche et moderne avec, notamment, un arsenal complet d’aides à la conduite. Reste que le Peugeot 3008, le Hyundai Kona, le Skoda Karoq ou encore le Kia Sportage sont passés par là et ont rajeuni un genre qui n’est plus du tout ce qu’il était en 2007. Or, le Qashqai II, sorti en 2014, n’a pas fait sa mue et n’a pas profité du restylage de 2017 pour combler l’écart qui était en train se creuser avec la jeune concurrence. Pour cela, il faudra sans doute attendre 2020, date prévue pour l’arrivée de la troisième génération. En attendant, il ne faut pas non plus enterrer le roi Qashqai qui conserve toutes les qualités qui lui ont permis de conserver son trône pendant plus de dix ans.