Logistique : un secteur en développement en Alsace

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A la fin de l’année 2015, en France, 1,46 millions de salariés (et un nombre non négligeable d’intérimaires) travaillaient dans la logistique. Ce secteur, qui englobe à la fois des activités de transports de marchandises, d’entreposage, de conditionnement, etc., connaît un fort développement ces dernières années. En Alsace, il représente plus de 9% des emplois salariés du secteur marchand. Une dynamique qui pousse les entreprises françaises à recruter, et à sensibiliser les jeunes aux nombreux métiers qu’elles proposent.

Alexandre Tritschler est Directeur Régional Est chez Heppner, société de transports et d’organisateur de solution de transports. Rachetée en 1925 par la famille Schmitt à Strasbourg, cette société familiale aux 700 millions d’euros de chiffre d’affaires compte aujourd’hui quelques 3000 collaborateurs.

L’entreprise française internationale Heppner est historiquement alsacienne.

A.T. : Oui, l’Alsace est le berceau de l’entreprise. Celle-ci, divisée en plusieurs directions régionales, compte 350 collaborateurs en Alsace, dont 280 sur Strasbourg et le reste à Mulhouse et sur l’aéroport de Bâle-Mulhouse, répartis dans le transport terrestre, maritime et aérien.

Le secteur de la logistique et du transport est en plein développement. Le ressentez-vous également ? 

A.T. : Ce secteur est à la croisée de tous les autres secteurs d’activité. Il y a cet aspect de macroéconomie, puisqu’il est dépendant des autres. Après avoir connu la crise, il se porte bien mieux depuis 2017 et se développe fortement. Notre savoir-faire nous a permis d’acquérir la confiance de grands noms et de croître fortement cette année, beaucoup plus que le secteur lui-même.

Le monde de la logistique regorge de métiers qui sont souvent méconnus…

A.T. : Oui, contre toute attente, nous comptons aujourd’hui plus de cols blancs que de cols bleus. Bien sûr, nous faisons appel à des agents de manutention, et des chauffeurs, mais nous avons aussi recours à la sous-traitance. Dans nos activités de commission de transport, nous avons beaucoup de métiers de l’affrètement : des personnes dans les bureaux, qui cherchent des solutions et des allocations d’espace pour le compte de nos clients, dans les conditions les plus rapides pour acheminer leurs marchandises d’un point A à un point B. Nous avons aussi des services clients au niveau national comme international, où des salariés sont dévolus à renseigner les clients. Bien sûr, il y a également les fonctions supports, comme dans toute entreprise : les services administratifs, comptabilité, gestion…

Comment revaloriser l’image de ce secteur dynamique et attirer les jeunes ?

A.T. : Dans le cadre de notre démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises), nous accueillons des jeunes en difficulté, ainsi que des lycéens, comme ceux du Lycée Emile Mathis, dans nos locaux. Nous leur ouvrons les portes de notre entreprise pour leur permettre de se rendre compte du monde du transport. Jusque-là, les sociétés de transport n’étaient pas forcément ouvertes au digital, et tentent de transiter vers le numérique, ce que nous faisons à travers une communication sur les réseaux sociaux entre autres.

Nous voulons informer les jeunes sur la possibilité de rejoindre nos rangs, une société familiale avec des valeurs fortes que nous voulons porter vers l’extérieur. Nous nous sommes engagés à mettre en avant le monde du transport et à changer son image en promouvant notre façon de procéder spécifique : l’entrepreneuriat, qui donne une forte autonomie aux patrons en région, et leur permet de prendre des initiatives. 

Quel sont les recrutements prévus dans la région et de quelle manière recrutez-vous ?

A.T. : Nous travaillons avec des jeunes en alternance depuis de nombreuses années. C’est ce qui fait la force de la société. Beaucoup de nos responsables de services en sont issus, et 22 de nos collaborateurs sur la Région Est sont des alternants ! Notre objectif est de transformer 50% de ces contrats en CDI. Nous avons connu une très forte progression de notre activité en 2018. Si la tendance continue, on pourra continuer ainsi et recruter une dizaine de collaborateurs supplémentaires, quelles que soient les fonctions.

Heppner se développe à l’étranger avec son implantation en 2017 en Espagne et aux Pays-Bas, et le renforcement de ses activités en Allemagne. Comment se traduisent vos relations avec cette dernière ?

A.T. : Nous avions déjà 7 agences en Allemagne. C’est une relation historique, puisqu’elle est frontalière. Nous avons récemment acquis une société dans le nord de l’Allemagne et souhaitons développer les échanges entre l’Allemagne et la France : il y a énormément de flux entre ces deux pays, et nous faisons donc appel à un réseau de partenaires depuis longtemps. Nous avons aussi pour volonté de croître à l’international. Strasbourg est un bastion important : nous comptons une quarantaine de départs tous les soirs vers l’Italie, la Scandinavie, etc. Le but est de développer cette activité porteuse.

Comment envisagez-vous le futur de ce secteur ?

A.T. : A nouveau, il est à la croisée de tous les autres secteurs d’activités. Le transport sera toujours très dépendant des autres secteurs et de la conjoncture économique. Si le secteur macro-éco reste porteur, nous pouvons envisager sereinement 2019. Nous préférons voir le verre à moitié plein, observer et garder le cap sur notre stratégie internationale.