LIBRA : La nouvelle monnaie qui fait peur au monde entier

Depuis la présentation le mois dernier des grandes lignes du projet de monnaie digitale Libra, dont la mise en circulation est prévue le premier semestre 2020, Facebook et ses 27 partenaires ont fait face à beaucoup d’interrogations de la part des pouvoirs publics et des différents régulateurs financiers du monde entier.

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Le Libra n’arrive vraiment pas à faire consensus autour de lui. Partout dans le monde, les États s’inquiètent des moyens titanesques que Facebook est en train de déployer pour permettre aux utilisateurs de ses réseaux sociaux Instagram, WhatsApp et Messenger de s’envoyer directement de l’argent sans passer par les banques traditionnelles. Indexée sur le dollar, la devise de Facebook se voudrait plus stable que le Bitcoin et n’aurait finalement rien à voir avec les cryptomonnaies déjà existantes. Dans les prédictions les plus négatives, cette devise « interne » éloignée des marchés spéculatifs pourrait même faire de l’ombre au dollar, à l’euro ou au yuan.

Des inquiétudes de toutes parts

Car, qui bat la monnaie possède le pouvoir, et comme les utilisateurs du groupe Facebook sont 2,7 milliards, les États-Unis, le Japon, la Chine et l’Europe sont tous réticents à l’idée de la mise en circulation du Libra. Une monnaie virtuelle aux mains d’un réseau social détenant déjà des tonnes de données personnelles provenant de plusieurs centaines de millions d’utilisateurs partout dans le monde, cela suscite forcément des interrogations. Le Congrès américain a demandé au groupe de Mark Zuckerberg de suspendre purement et simplement le développement de la cryptomonnaie en attendant de pouvoir étudier son impact.

En Chine, pays où la cryptomonnaie est étudiée depuis 2014, on se « mord » le frein en s’interrogeant sur le rôle du dollar dans le développement de la cryptomonnaie de Facebook. Wang Xin, directeur du bureau de recherche de la Banque populaire de Chine redoute la perturbation de l’équilibre entre devises : « Il pourrait n’y avoir essentiellement qu’un seul patron, à savoir le Dollar américain et les États-Unis. Si c’était le cas, cela entraînerait une série de conséquences économiques, financières et même politiques internationales. »

Le projet de Facebook est tellement redouté par les institutions financières chinoises que la Banque centrale du pays a déclaré vouloir intensifier ses recherches pour créer sa propre cryptomonnaie. Car sur le modèle de la Chine, et comme l’a déjà fait le Venezuela et projette de le faire Cuba, par souci de souveraineté, plusieurs autres pays pourraient être amenés à créer leur propre cryptomonnaie, certainement le seul rempart à la dévaluation de leur monnaie nationale.