Les sites de paris sportifs ont la cote, pour le meilleur, mais surtout le pire

Depuis la dernière coupe du monde, les publicités des sites de paris sportifs sont partout sur les réseaux sociaux : Winamax, Betclic, Parions Sport… Ces annonces ciblent particulièrement la jeunesse des quartiers populaires. Une tendance aux répercussions très préoccupantes chez les 18-24 ans.

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Le partenariat entre Winamax et l’influenceur Mohamed Henni représente très bien la tendance. / ©youtube

Il y a quelques années, l’arrivé des bookmakers sur le web a élargi le public des parieurs. Les codes ont changé, la démarche est devenue tendance, « cool » chez les 18-24 ans. Sur Instagram et sur YouTube, des influenceurs sont dépêchés en grande pompe pour offrir des tarifs préférentiels à leur public, avec très peu de prévention, et en minimisant les notions de risque de dépendance, d’appauvrissement ou d’isolement. Depuis quelques mois, avec le concours de personnalités du divertissement, la tangente s’accélère. Des humoristes, des footballeurs, des rappeurs et des youtubeurs rivalisent de codes promos afin d’attirer de plus en plus de prospects, des « futurs parieurs », à peine majeurs.

Le public des quartiers est particulièrement visé

Unibet s’est offert Mbappé et Neymar pour ses publicités. Betclic mise sur les rappeurs Fianso et Gradur et Winamax est allé chercher les youtubeurs. La cible, ce sont généralement les jeunes de cité, les banlieues. Ce côté urbain, misant sur le rap, le streetwear et les codes de la génération des millenials pose de plus en plus de problèmes. Ils s’appellent Mohamed Henni, McFly et Carlito et Karim Benzema et possèdent la puissance de frappe pour toucher des dizaines de millions de personnes, principalement des jeunes, même des mineurs. Tout ça pour mettre « la daronne à l’abri », grappillant les quelques euros des milieux populaires par des techniques de séduction tendancieuses : le tutoiement, la proximité des marques et la mise en avant systématique des gains. Ces publics, particulièrement fragiles n’ont pas toujours le recul pour entrevoir les risques. Pour le journal Médiapart « ce que vendent les bookmakers, c’est un ascenseur social réparé. »

La seule solution serait de légiférer

Dans cet éco-système où les voix dissonantes sont trop longtemps restées muettes, faire de la promotion peut rapporter gros. Contactés par les bookmakers, ces derniers peuvent gagner jusqu’à 5 000 euros pour des storys de 10 secondes, vantant telle ou telle écurie de bookmaking. La seule solution pour endiguer le problème, toujours selon Mediapart – qui a consacré un gros sujet à la question, « serait de légiférer », d’interdire les pubs. En attendant, avec le début de l’Euro 2021 de football, la cote des paris n’a pas fini de grimper.