« Les autres ne peuvent pas comprendre »

Hubert Nave, enseignant diplômé, et le Judo Club de Haguenau ont lancé en septembre des séances de Ju Jitsu adapté. Insuffisance cardiaque, remise en forme, douleurs chroniques, diabète : les entraînements se font en douceur et sans douleur.

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Maxi Flash : Hubert, quel est l’enjeu de cette section Ju Jitsu, version sport santé ?

Hubert Nave : L’été dernier, on a suivi une formation sur le sport santé, et on s’est dit qu’on devait s’adresser à des personnes qui ne pratiquent pas ou plus d’activité physique, pour des raisons très différentes : obésité, diabète, maladie, rééducation… On s’adresse déjà à des personnes âgées avec le Qi-Gong, et on essaye d’élargir notre palette d’activités. On ne peut pas être plus de six ou huit participants.

Comment vous avez adapté la pratique du Ju Jitsu ?

On a pris le programme du Ju Jitsu et on a supprimé tout ce qui peut être un frein à la pratique pour ce type de public : pas de chute, pas de projection, pas de coups violents. On va être sur des exercices d’échauffement, sur des techniques qui font travailler le corps. Il faut être attentif à ce public-là. Certains ont mal au genou, d’autres vont avoir un problème cardiaque, d’autres ont du mal à se baisser.

J’imagine que ça fait du bien aux participants… Quel constat on dresse après six mois de pratique ?

On a tissé une vraie relation. Ici, ils peuvent aussi parler de leur « handicap », parce que les autres comprennent. Quand vous êtes dans une section « normale », les autres ne peuvent pas comprendre. Vous avez envie de faire, mais vous ne pouvez pas, et parfois, ça peut être mal vu, mal compris. L’avantage de ce petit groupe, c’est qu’on discute et qu’on s’adapte. Dès qu’ils transpirent, ils sont satisfaits, et puis, il y a du progrès ! En début d’année, certains faisaient un, deux tours de tapis, ils étaient fatigués. Maintenant, ils en font cinq ou dix, et ça va ! On fait toujours un petit debrief en fin de séance.

A titre personnel, vous êtes content de cette activité ?

C’est un public qui me plaît. Moi-même, je ne peux plus faire les exercices intenses. Il y a des choses qu’on peut simplifier. Le plus difficile, en fait, c’est de faire venir les gens. Après, faire une clé de bras, c’est toujours une satisfaction. Et pour l’aspect mental, c’est aussi intéressant : on a créé un petit réseau personnel, un groupe WhatsApp, on échange… Ce qui me plaît, c’est qu’ils sont motivés ! Ils viennent une fois par semaine, ils ont des soucis de santé, mais ils se donnent à fond. Dans les sections « normales », on en voit, parfois, ils sont sur leur téléphone…