Le monde s’organise, ou pas !

Il y avait le monde d’avant, qui marchait tant bien que mal, avec ses qualités et ses défauts, ses injustices, ce fossé toujours plus grand entre les très riches et les très pauvres, il y avait des milliers d’avions dans le ciel et en dessous une fourmilière organisée pour produire encore et encore, il y avait des milliards d’Humains qui détruisaient la seule planète sur laquelle ils peuvent respirer, un astre bleu, une merveille vue d’en haut, mais une horreur parfois concentrée en quelques mètres carrés abandonnés de tous ou dans un geste raciste et intolérable. Puis, le coronavirus est entré en scène pour jouer un spectacle que personne n’avait écrit et nos nouvelles habitudes ont rapidement effacé nos modes de vie.

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Selon l’Assurance maladie, avant la crise, les téléconsultations étaient dix fois moins importantes qu’aujourd’hui. Sur le site Doctolib, plus de 31 000 médecins la pratiquaient mi-avril, alors qu’ils étaient 3 500 un mois avant. Toutes spécialités confondues, 800 000 patients ont effectué leur première consultation vidéo depuis le début de l’épidémie.

La tendance s’est beaucoup développée chez les psychiatres, les psychologues et les psychothérapeutes qui ont constaté un nombre accru de troubles du sommeil, d’hypocondries, de peurs des autres, de tocs (comme se laver les mains sans arrêt) ou d’anxiétés avec des conséquences qui pourraient durer estiment-ils et le retour du soleil n’arrangera pas forcément les choses. Les traces de l’enfermement sont encore présentes. Une étude chinoise révèle que 35 % des confinés présentaient un stress psychologique modéré et 5 % un stress sévère. Les Alsaciens sont-ils moins stressés que les Chinois ? Pas certain ?

Travailler oui, mais avec le chant des oiseaux.

Même si, chaque année au moment du retour des beaux jours, les envies de vivre à la campagne se font aussi fortes que les allergies au pollen, depuis la fin du confinement, les « urbains » rêvent d’ailleurs et se disent prêts à fuir les grandes villes. L’épidémie est passée par là, les métropoles ont été durement touchées, du coup, les citadins qui ont écouté les chants des oiseaux pendant plus de deux mois, organiseront-ils vraiment une «contre-urbanisation» ? En tout cas, voilà une opportunité de repenser la question de l’habitat. Les constructeurs vont certainement réfléchir à des logements plus modulables, plus autosuffisants, et plus résilients face aux crises à venir, des intérieurs plus personnalisés qui permettront de développer une relation sereine avec son chez-soi. Les changements qui motiveront les rats de villes à devenir des rats des champs, sont la multiplication des systèmes de signature dématérialisée et sécurisée, des vidéoconférences, et la possibilité du télétravail adoptée par 40 % des Français pendant le confinement (selon l’Association nationale des DRH), alors qu’ils étaient entre 3 et
15 % avant. Le taux de satisfaction est de 82 % (étude CSA/Malakoff Humanis) et valide une évolution de vie souhaitable pour la réduction du stress et des embouteillages. La planète nous dira merci.

Le plastique est encore fantastique ?

Alors que l’on cherche à s’en débarrasser pour protéger les océans, le plastique a été omniprésent pendant la crise : sacs de livraison, gants, flacons de gels, etc. Un retour en arrière préoccupant, car les industriels du secteur n’ont pas raté l’occasion de demander le report d’un an de la mise en œuvre de la directive européenne sur les plastiques à usage unique (SUP), pendant que le Medef proposait au ministère de l’Environnement un moratoire sur les dispositions énergétiques et environnementales en préparation. La Commission européenne a assuré qu’un report était hors de question, mais le gouvernement a ouvert la porte à des «ajustements de calendrier» au «cas par cas».

Ça va durer encore longtemps ?

Allons-nous entrer dans une époque formidable, celle de l’altérité, où l’autre sera enfin considéré? Quelle que soit sa différence ? Quel que soit son métier ? Pendant la Covid 19, le rôle des personnels de santé et des aidants qui s’occupent des personnes dépendantes a fait évoluer les consciences. Les statuts des « petits » métiers comme on avait l’habitude de les considérer, seront-ils revalorisés ? C’est un changement attendu. Les Français vont-ils privilégier les circuits courts et les commerces du coin, et oublier Amazon et compagnie ? Car chaque clic les enrichit tout en détruisant notre « héritage ». L’homme le plus fortuné du monde a fait son beurre pendant la crise et cela dépasse l’entendement.

En quatre mois, la Covid 19 a bouleversé nos vies et nos habitudes. Nous mettons du gel sur nos mains, nous portons des masques, on se tient à distance de ceux que l’on embrassait sans se poser de question, que l’on serrait dans nos bras à de multiples occasions. Personne ne sait vraiment combien de temps cela va durer et ce qu’il restera de tout ça, mais chacun de nous a vécu cette crise différemment, avec ses difficultés, ses drames, ses enfermements, ses choix, ses joies et ses peines, chacun a mesuré la fragilité de l’existence, de l’humanité, mais chacun peut y trouver des motifs de changement, pour lui, pour les autres et pour la Terre. Les prochains mois verront-ils la naissance d’une nouvelle façon de vivre ou un retour à la case « chacun pour sa tronche »? Car jusque-là, comme disait Stephen King, « Nous avons eu l’occasion de changer le monde et nous avons préféré le télé-achat. »


Avion de chasse

Pour des raisons de sécurité, de civisme et d’écologie, les Français prendront leurs vacances en France, les voyagistes en sont persuadés. À l’heure actuelle, il est difficile d’imaginer parcourir le monde, réserver un avion sans penser aux conséquences de ses actes. L’aviation, plus que jamais montrée du doigt pour sa responsabilité dans la crise climatique, est une aventure qui commence à coûter très cher à la planète.

Alors que Bruno Le Maire annonce « un effort total de 15 milliards d’euros pour soutenir la filière aéronautique », le livre de Sébastien Porte est une enquête inédite qui dresse un bilan écologique précis de ce mode de transport qui fait voyager 4 milliards de passagers chaque année. Chacun réclame sa part de ciel. Après l’Occident, gagné par la frénésie du low cost, ce sont maintenant les pays émergents qui s’apprêtent à embarquer en masse. Mais le règne de l’avion toucherait-il à sa fin ? Possible, car notre rapport au voyage connaît une véritable révolution et l’ambition de l’industrie aéronautique est écologiquement intenable. Elle prévoit 12 milliards de voyageurs en 2050.

L’auteur du « Dernier avion » propose ici un panorama complet : émissions de gaz à effets de serre, dégâts sur les paysages, tourisme de masse, artificialisation des sols due aux infrastructures aéroportuaires, etc. Face à la crise environnementale, Nicolas Hulot n’hésite pas à appeler à « un effort de guerre », ce livre nous permet de comprendre pourquoi.