Le manque d’eau potable provoque 5 décès par minute

Depuis 1993, le 22 mars est la date anniversaire de la «Journée mondiale de l’eau». Adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies, cette résolution existe pour attirer l’attention sur l’importance de l’eau douce, pour plaider en faveur de la gestion durable des ressources. Ainsi, elle invite les États à sensibiliser le public, à diffuser des documentaires, à organiser des conférences, des tables rondes, des séminaires et des expositions liés à la conservation et au développement des moyens en eau. Presque 30 ans après, on cherche encore à améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Mais on lutte maintenant contre le changement climatique qui accélère les crises comme les inondations ou les sécheresses. L’eau est une source de pauvreté, de troubles de l’organisme et de morts. Âmes sensibles s’abstenir ! Les chiffres qui suivent font transpirer. 2,6 millions d’êtres humains, dont 361 000 enfants de moins de cinq ans, meurent chaque année des suites de maladies liées à une eau et un environnement insalubre, soit 5 décès par minute.

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Crédit : Unesco

Un nouveau rapport mondial coordonné par l’UNESCO sur la mise en valeur des ressources en eau est publié chaque année à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau. Selon ce rapport, 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones potentiellement pauvres en eau pendant au moins un mois par an. 

L’utilisation mondiale actuelle de l’eau douce est déjà proche du seuil maximum de durabilité et cet équilibre fragile masque les grandes disparités locales et régionales. L’année dernière, Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, déclarait qu’une crise hydrique est une crise globale, que l’éducation de qualité ou le développement de sociétés plus prospères et plus justes sont des objectifs impossibles à atteindre sans un accès durable à l’eau. Elle ajoutait que notre monde est en danger, car l’extinction guette près d’un million d’espèces animales et végétales. 84 % des espèces d’eau douce se sont éteintes depuis 1970. 

Le sujet de l’eau apparaît rarement dans les accords internationaux sur le climat, alors qu’il est au cœur de nombreux enjeux essentiels comme la sécurité alimentaire, la production d’énergie, le développement économique et la réduction de la pauvreté, alors qu’une meilleure gestion de l’eau peut appuyer les efforts visant à atténuer et à s’adapter aux effets des changements climatiques. Par exemple, la protection des zones humides, ou l’agriculture de conservation peuvent contribuer à piéger le carbone dans la biomasse et les sols, tandis que l’amélioration du traitement des eaux usées peut aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre et permettre la production de biogaz comme source d’énergie renouvelable. 

En 2020, 4,2 milliards de personnes manquaient toujours d’un assainissement adéquat. Parmi elles, 673 millions défèquent encore à l’air libre. Des tonnes de matières fécales sont déposées dans la nature. Un seul gramme contient jusqu’à 10 000 virus dont la poliomyélite et un million de bactéries responsables de la dysenterie, de la diarrhée ou du choléra. On estime que l’accès systématique à des toilettes et au lavage des mains permettrait de sauver des centaines de milliers de vies chaque année.

Les effets prévus sur la santé en raison des changements climatiques

La qualité de l’eau se détériorera à la suite de l’augmentation de sa température. D’autres risques s’y ajoutent comme la pollution et la contamination pathogène causée par les inondations et par des concentrations plus importantes de polluants lors des sécheresses. 

De nombreux écosystèmes, en particulier les forêts et les zones humides, sont également en danger. Leur dégradation n’entraînera pas seulement une perte de biodiversité, elle affectera aussi la prestation de services écosystémiques liés à l’eau, comme l’épuration de l’eau, le captage et le stockage de carbone, les protections naturelles contre les inondations, ainsi que l’approvisionnement en eau pour l’agriculture, la pêche et la baignade. 

La plupart des effets des changements climatiques se manifesteront dans les régions tropicales où se trouve la majorité des pays en développement. 

Les petits États insulaires en développement sont particulièrement vulnérables aux catastrophes et nombre d’entre eux subiront un stress hydrique accru. Partout dans le monde, les zones arides devraient s’étendre considérablement. La fonte accélérée des glaciers aura des conséquences négatives sur les ressources en eau dans les régions montagneuses et les basses terres qui les entourent. Les effets prévus sur la santé en raison des changements climatiques liés à l’eau sont notamment la propagation de maladies d’origine alimentaire, hydrique et transmises de manière vectorielle, la sous-nutrition en conséquence de pénuries dues à des sécheresses et des inondations. 

Essentielle pour étancher la soif, l’eau est un droit fondamental, un droit incontournable pour la paix et la sécurité dans le monde, un droit de l’homme. Le sujet est encore trop peu abordé. C’est pourtant l’affaire de tous, car c’est à travers l’eau que les sociétés subissent déjà les conséquences les plus graves des changements climatiques qui auront trop rapidement, on peut aisément l’imaginer, des effets grandissants sur la disponibilité, la qualité et la quantité de l’eau.