Sport : Le jour d’après ?

Le monde du sport s’interroge. La reprise est lente, elle dépend des sports, mais elle a déjà frappé très fort. À tous les niveaux, le but est de tenir le coup jusqu’à… jusqu’à quand d’ailleurs ? Débuts de réponse en quatre parties.

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LES PROS – Basket Club Gries-Oberhoffen (ProB)

Romuald Roeckel, président : « Ce qui est sûr, c’est que la saison ne reprendra pas. Il y a une AG le 27 (hors de nos délais de parution, ndr) pour statuer sur la saison prochaine : combien d’équipes, qui monte, qui descend, à quel moment on joue… ? Ce qui est unanime chez les présidents de clubs, c’est que la solution à huis clos n’est pas tenable financièrement. Les droits TV ne sont pas les mêmes que dans le foot. Pour le BCGO, les sponsors et le public, c’est 70% du budget (sur un total de 1,2M€, ndr). Pour les sponsors, c’est prématuré d’évoquer la saison prochaine. On reste en contact, on prend des nouvelles. On sait qu’on sera soutenu, on a des partenaires historiques. Laissons passer la crise, laissons l’économie reprendre, et on verra. À notre niveau, heureusement qu’il y a eu le dispositif de chômage partiel. Depuis quatre ans, on avance à grands pas en termes de budgets. On a pu actionner des solutions auprès de la BPI et des banques. On avait prévu une augmentation du budget de 20%, mais finalement on va rester au même niveau que cette année. »

LES SPORTS DE CONTACT – Boxe Club de Saverne

Marc Scherrer, président : « Nous, c’est simple, c’est fermé. On ne peut pas pratiquer. On a reçu quelques conseils pour une reprise, mais c’est impossible : il faut que ce soit de préférence en extérieur, avec trois mètres de distance, désinfecter le matériel à chaque fois… Comme en plus tous les championnats ont été annulés, les boxeurs n’ont aucun objectif. Le plus simple, avec l’été qui se profile, c’est de reprendre en septembre en espérant que ce soit derrière nous. Heureusement, nous avions un peu d’avance au niveau finances, parce qu’on a dû annuler deux galas fin avril et le 12 juin. On va pouvoir tenir le deuxième semestre. Mais la grande question, pour la rentrée c’est : est-ce que les licenciés vont revenir ? Les sports de combat comme la boxe, le judo, l’aïkido ne vont-ils pas avoir un déficit d’image à cause de cette crise sanitaire ? Est-ce qu’on devra limiter le nombre de participants aux entraînements ? Pour l’instant, c’est le round d’observation. »

LES SPORTS COLLECTIFS
AS Weinbourg (Football, accession en District 3)

Christophe Westphal, président : « C’est une période compliquée pour tout le monde. Pour les joueurs, déjà, qui ne peuvent pas jouer, et pour le club, puisqu’il n’y a pas d’entrée de sous. En général, en juillet – août, on fait notre budget de l’année : on organise un tournoi fin juillet, une brocante, et on avait aussi prévu un tournoi de pétanque. Et quand on aura le droit de refaire des fêtes, tout le monde va vouloir en faire… Les joueurs, eux, sont impatients. J’en ai croisé un l’autre jour au boulot, il m’a dit ‘si j’ai le choix entre prendre 1000€ ou jouer au foot, je joue !’ Ce qui est dommage, c’est qu’on a réussi à monter en faisant partie des meilleurs deuxièmes, et qu’on n’a même pas pu fêter ça ! On monte à notre plus haut niveau historique, avec un club familial et beaucoup de jeunes. En revanche, avec cette crise, la réfection du stade et des mains courantes est repoussée à l’année prochaine, et il y a une vraie interrogation sur les licences… Avec une moitié de saison en moins, est-ce qu’on aura un avoir pour la saison prochaine, ou un remboursement ? Pour l’instant, on n’a aucune info de la part de la Ligue. »

LES SPORTS INDIVIDUELS – Tennis Club de Haguenau

Emmanuel Roy, entraîneur : « On était contents d’être dans le bon wagon et d’être parmi les premiers à pouvoir reprendre, même si pour l’instant, on n’a pas repris les entraînements collectifs. Beaucoup de gens s’interrogent. On a repris les cours individuels avec ceux qui avaient envie la semaine du 18 mai, mais c’est un minimum syndical que l’on fait. On a mis des choses en place : la réservation se fait obligatoirement par le biais du logiciel, et pour débloquer ses droits, il fallait impérativement renvoyer le papier qui atteste qu’on a bien pris connaissance des règles d’hygiène du club. Après, on a fait au plus simple : on a enlevé les bancs et les chaises pour ne plus avoir la problématique de désinfecter après chaque passage. La chaise, c’est un luxe dont on peut se passer actuellement. À titre personnel, le club m’a passé en chômage partiel, ce qui amortit le choc, mais j’ai subi une baisse sur les revenus de mon autoentreprise, qui correspond quand même à un tiers de mes revenus. Il y a pire que nous, mais c’est vrai que le printemps, le début de l’été, c’est là qu’on organise les stages. Pour l’école de tennis, on est prêt à prolonger jusqu’à mi-juillet s’il le faut, mais pour l’heure on attend de voir les prochaines mesures. Qu’en est-il des groupes d’entraînement à moins de dix ? On est dans l’attente. »