Le camping-car, les vacances anti-Covid

La tendance se dessinait depuis quelques années, mais avec l'arrivée du coronavirus, les concessionnaires sont pris d'assaut. On est proches de la rupture de stock.

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Il en a vu d’autres Michel Martzloff ! Le gérant d’Alsace Loisirs Diffusion, spécialisé dans le camping-car depuis quarante ans à Brumath, a toutefois rarement constaté un tel engouement pour l’engin. « On a une toute nouvelle clientèle qui ne s’est jamais intéressée au camping-car », plante d’emblée le patron de l’entreprise familiale. « Ça va des jeunes, 30-40 ans, jusqu’aux plus de 65-70 ans ! Ils veulent de la liberté, parce qu’ils ne savent pas quand ils vont pouvoir retourner à l’hôtel. » 

De nouveaux clients qui se tournent vers le moyen de gamme

Le phénomène était déjà sensible, mais il s’est accentué ces derniers mois. On part moins loin, on veut être plus libre de ses mouvements, et moins se mélanger aux autres. « Les gens ne peuvent plus partir comme avant, en avion, en train… Et le camping-car, c’est la meilleure alternative.» Les budgets, eux, ne se sont pas envolés. C’est le moyen de gamme qui décolle, autour des 50.000€, avec un équipement déjà cossu : salle à manger, frigo, plaque de cuisson, chauffage et chambre à part. 

Chez Michel, on vient de partout: d’Allemagne, de la région parisienne, du nord ou du sud de la France… Pourquoi ? Parce que la demande est telle qu’on ne trouve plus grand-chose ! « 2021 est une année particulière. Il n’y a pas assez de véhicules sur le marché. Là, j’ai un client qui m’a appelé de Brest parce qu’il cherche un modèle bien précis, et qu’il m’en reste un ici en expo. Il va se déplacer pour le voir, mais c’est pratiquement sûr qu’il va l’acheter. » 

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Le choix se réduit de plus en plus

Et là, Michel touche un point crucial : aujourd’hui, il faut prendre ce qu’il y a ! « Le problème, c’est que ça ne suit pas au niveau de la production des châssis. Donc les marques ne peuvent pas fabriquer, ni en série ni sur commande ! Aujourd’hui vous commandez un camping-car, avec un peu de chance vous l’avez en 2022 ! » En clair, « le client doit prendre ce qui existe. Il n’y a plus vraiment de choix dans les couleurs ou les motorisations. Ici, à Brumath, dans trois mois, on sera à nu sur le parc. Il me reste 11 véhicules neufs. D’habitude, au printemps, il m’en reste 50, 60.» Alors cet été, quand il n’y aura plus rien à vendre, Alsace Loisirs Diffusion se concentrera sur le SAV, ces révisions de véhicules qui sont souvent difficiles à organiser. L’atelier, qui prépare habituellement les commandes, sera totalement dédié. « On fait aussi de la caravane, ça prendra un peu le relais pour l’été. » Avec des budgets autour de 14.000€, la caravane a aussi un argument économique à faire valoir. 

Mais cet état de grâce du camping-car peut-il durer ? Michel Martzloff n’en est pas si sûr : « Ma vision, c’est que dans deux ans, tout le monde aura repris ses habitudes de voyages lointains. Le camping-car reviendra à son niveau habituel. Le problème, c’est qu’on aura beaucoup de véhicules sur le marché de l’occasion et les prix vont chuter. Là, on surcote, il n’y en a pas assez. » Une petite leçon de loi de l’offre et de la demande. Merci le Sars-Cov2.   

 


 

Yann : « Je comprends que les gens se soient rués dessus »

Yann a pu découvrir les plages du… Danemark grâce à son camping-car

Yann, 39 ans, travaille dans la communication à Haguenau. Avec sa femme et ses deux enfants, il prend régulièrement le camping-car pour des escapades plus ou moins lointaines. 

Maxi Flash : Yann, le camping-car, c’est un amour de longue date ? 

Yann : Mes parents ont un camping-car depuis des années, et on a continué ensuite avec les enfants. Je comprends que les gens se soient rués dessus ! Tu ne te poses pas la question si tel gîte est fermé, si les restaurants sont ouverts… Surtout avec ce qu’on vit depuis un an. Tu te places où tu veux. 

Le gros avantage, c’est ça, la liberté ?

Tu peux faire ce que tu veux, te balader en plusieurs étapes, te poser dans un camping, mais tu gardes un certain confort : pas de tente à déployer, t’es à l’abri… On peut partir quinze jours, comme un week-end. On a déjà fait la côte allemande, le Danemark, la Bretagne. Tu te fais ton trajet comme t’as envie. 

Et les points négatifs ? 

Il faut tout trimballer ! (rires) En ville, ce n’est pas évident, et puis autant la Bretagne a mis en place des structures d’accueil pour les camping-cars, autant dans le Sud c’est plus compliqué. Après, il faut dire aussi que ça consomme! Mais si on compare avec la location d’un hôtel, on s’y retrouve.