La reprise de la coupe de France pour les amateurs est-elle un scandale ?

Mardi dernier, le 19 janvier, la FFF a annoncé que la compétition reprenait pour les clubs amateurs. En pleine crise sanitaire, alors que le monde amateur est pieds et poings liés, une poignée de clubs seulement vont pouvoir s’affranchir des règles.

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Comme toujours, il y a les pour et il y a les contre. Il n’empêche que depuis le communiqué de la Fédération française de Football, beaucoup de voix se sont élevées pour protester contre la reprise des matchs. Pourquoi ? José Guerra, qui a une longue histoire d’amour avec Dame Coupe, ne mâche pas ses mots, et évoque une « mascarade ». L’ancien coach du Sporting Schiltigheim, aujourd’hui aux SR Colmar (éliminés au 5e tour), trouve ça, « très, très étonnant. On est dans l’attente depuis un bon moment, on ne peut pas s’entraîner parce qu’il y a des risques… Ça veut dire que si t’es qualifié en coupe, il n’y a plus de risques ? » 

« Autant reprendre le championnat ! »

Même son de cloche pour Cyril Giesi, l’entraîneur de l’AS Ingwiller, « bien content de ne plus être dans la compétition. À part samedi et dimanche, avec le couvre-feu, tu ne peux pas t’entraîner, et là tu dois retrouver tes repères en dix jours ? On nous dit qu’on n’a pas le droit aux oppositions à l’entraînement, mais tu peux en matchs ? Mais si on peut jouer, alors autant reprendre le championnat dans ce cas ! » 

L’autre contrainte énorme pour les clubs amateurs encore en lice (notamment Obermodern ou Reipertswiller), c’est de faire tester l’effectif : PCR pour tout le monde le jeudi, antigénique le jour du match ! José Guerra : « On demande des protocoles réalisés aujourd’hui par des clubs professionnels… » Cyril Giesi : « Si t’as la chance d’avoir un laboratoire pas loin, tu peux éventuellement t’organiser. Mais ça ne change rien, tu ne peux quand même pas t’entraîner ! » 

Branle-bas de combat à Haguenau

Parmi les clubs d’Alsace du Nord encore engagés, il y a néanmoins le FRH (N2, opposé à la FAIG, N3). Changement de ton. Laurent Brengel, le manager général, a déclenché « le branle-bas de combat » dès mardi midi. « En tant que club de N2, on est dans la catégorie sportifs de haut niveau. Ça fait trois, quatre semaines qu’on a pu reprendre. Pour nous c’est magnifique, parce qu’on a un objectif. On prend ça comme du bonus. On a senti une ferveur chez les joueurs dès l’annonce. On a un médecin au club, on va s’organiser pour les tests PCR. En revanche pour le protocole de samedi, c’est compliqué ! » 

L’autre grande question, en ce mois de janvier, c’est aussi l’état des terrains. Couvre-feu, terrains gelés, tests PCR, protocole ultra-strict… Sur les réseaux sociaux, des internautes du foot amateur ont émis l’idée d’un boycott de la compétition par les plus petits clubs. «C’est surprenant que ce soit si rapproché dans le temps», concède Laurent Brengel. Pour Cyril Giesi, « on peut comprendre les envies de boycott. Sans préparation, un match de coupe de France fin janvier… Pour certains, ça va être directement à l’infirmerie. » En voulant « sauver » la coupe de France, la FFF n’a fait que remuer le couteau dans une plaie très largement ouverte. Avec cette question, lancinante : si eux peuvent jouer, pourquoi pas nous ?