« La motivation de TOP Music, c’est la proximité »

Alors que les sondages dits intermédiaires sont tombés, l’occasion était belle de faire un point sur l’activité de Top Music, la première radio indépendante d’Alsace, très écoutée à Haguenau, avec son directeur Christophe Schalk. Une année 2020 difficile et qui oblige à se réinventer.

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Maxi Flash : Selon les sondages, sur Strasbourg, Top Music voit le nombre d’auditeurs baisser (de 38300 à 31600, soit -6700, dans la marge d’erreur de Médiamétrie), mais semble limiter la casse par rapport à d’autres radios musicales… Quelle est votre première analyse ?

Christophe Schalk : Déjà, je prends avec beaucoup de pincettes ces résultats, ce ne sont que les intermédiaires, uniquement sur Strasbourg et avec un échantillon réduit. Il faut vraiment les relativiser. C’est un indicateur qui va peut-être se confirmer, mais qui peut aussi s’infirmer. Il suffit que quatre ou cinq personnes répondent autre chose et vous gagnez ou vous perdez beaucoup. Et puis encore une fois, c’est une mesure sur Strasbourg, qui ne dit rien des audiences à Haguenau par exemple.

Néanmoins, le média radio dans son ensemble ne va pas bien…

C’est plutôt ça qui est inquiétant. En un an, avec la crise sanitaire, le média, dans son ensemble, a perdu 1,2 million d’auditeurs en France. On ne sait pas si c’est irréversible, mais un certain nombre a sûrement pris d’autres habitudes, notamment en zone urbaine. Je pense aussi que 10 à 15% des gens vont rester en télétravail.

Justement, il n’y a pas une hausse des écoutes sur les ordis par exemple ?

Oui, on se rend compte que les écoutes sur l’appli et sur le site ont augmenté de 35%, mais ça ne compense pas la perte de l’audience en FM.

Le système de mesure, en déclaratif, reste-t-il fiable ?

C’est compliqué ! Le déclaratif, c’est ce qui prévaut partout en Europe. Aux USA, il y a un système d’AIP, avec une montre connectée qui va capter et reconnaître ce que vous écoutez. Le problème, c’est qu’il y a des contraintes géographiques, il y a des gens qui ont des écouteurs… Mais on a clairement demandé à ce que les écoutes digitales soient aussi comptabilisées.

Économiquement, Top Music a passé la crise sans accroc ?

C’est une entreprise bien gérée depuis des années, qui sait thésauriser, donc on a limité la casse. Le chiffre d’affaires sur l’année est en baisse d’environ 15% et notre salut pour 2021 viendra du digital. Il faut qu’on aille à la rencontre des jeunes générations. Un jeune, dans sa piaule, il n’a pas un récepteur FM, mais il peut nous suivre sur les réseaux sociaux.

Dans un monde toujours plus mondialisé, quel avenir pour une radio locale ?

La motivation, c’est la proximité. Il faut qu’on soit acteur de la vie locale. On peut tout à fait être un citoyen du monde, avoir des notifications toutes les cinq minutes sur le Bangladesh ou la Californie, mais la vie, elle est faite de ce qui se passe à cinq, dix ou cinquante kilomètres de chez soi. Le robinet à musique décline avec la concurrence des Deezer et autres Spotify. Il faut donc qu’on soit associé à ce territoire qu’est l’Alsace, où il se passe toujours quelque chose. Ce n’est pas Deezer qui te parlera de la fête du Houblon ou du marché de Noël.