La mort de Claude Vigée laisse un grand vide

Claude Vigée est décédé le 2 octobre à Paris. Il avait 99 ans. Originaire de Bischwiller, il a marqué le monde de la littérature et de la poésie avec des œuvres d’une grande spiritualité et d’une grande générosité dans lesquelles l’Alsace est régulièrement évoquée.

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L’artiste est né en 1921, dans une famille juive. Son vrai nom était André Strauss. Lors de la Seconde Guerre mondiale, réfugié à Toulouse, il rejoint un groupe de résistance et publie ses premiers poèmes sous le nom de Claude Vigée.

Puis, il s’exile aux États-Unis, où il se marie avec une Seebachoise. Il aura deux enfants, enseignera la littérature française et publiera « La lutte avec l’ange », son recueil de poèmes de jeunesse (1939-1949). Il poursuivra sa carrière en Israël en 1960, puis s’installera à Paris en 2001. Il a obtenu de nombreuses récompenses, comme le Grand prix de poésie de l’Académie française en 1996, le Grand prix national de la poésie en 2013 ou le Goncourt de la poésie en 2008.

Les Bischwillerois ne l’oublieront pas

Même s’il a vécu à l’étranger, il est toujours resté fidèle à son Alsace natale, où il se rendait régulièrement pendant ses vacances. Sylvie Reff, écrivaine, poétesse et chanteuse de Bischwiller, a eu la chance de le connaître. « Il est allé à l’école avec ma mère, c’était un ami de la famille. Il nous rendait souvent visite et on se téléphonait. On se parlait toujours en alsacien, une langue qui était la sienne et qu’il n’a jamais oubliée. La dernière fois qu’il est venu, c’était en 2009, lorsqu’il a été nommé citoyen d’honneur de Seebach. Le village de ses grands-parents maternels avait voulu le remercier après la publication du livre « Un panier de houblon », qui évoque la commune.
C’était une journée pleine d’émotions »,
se souvient-elle.

Le maire de Bischwiller, Jean-Luc Netzer, est également très touché par la disparition de Claude Vigée. « Il est et restera un ami, un confident, un exemple, un guide. Lors de chaque échange avec lui, il me rappelait son affection pour cette ville où il est né, et où désormais il repose en paix. L’exil a fait de lui un citoyen du monde, toujours à l’écoute de l’autre. La dignité de ce grand homme se trouvait dans le partage, l’amour de la vie et la fraternité. En ces temps troubles, tachés par la négation de notre prochain, où l’antisémitisme se répand et se renforce, le message d’espoir de Claude Vigée nous accompagne et guide notre esprit pour construire un monde meilleur », déclare Jean-Luc Netzer, qui annonce que des événements seront organisés au printemps prochain, pour mieux connaître l’œuvre, la pensée et la grandeur d’âme de l’artiste.