Julien Boissier, l’enchanteur enchanté

Julien Boissier a vécu en Allemagne et à Paris où il a travaillé comme chroniqueur et auteur dans la mythique émission Nulle part ailleurs de Canal +. Quand il épouse une Alsacienne, il s’installe dans le Nord Alsace et devient magicien professionnel. Julien Boissier est aujourd’hui le seul titulaire en Alsace du brevet fédéral d’initiateur aux arts magiques. Maxi Flash a traversé le miroir pour rencontrer l’illusionniste.

0
1708

Vous avez fait beaucoup de choses dans votre vie, comment avez-vous commencé ?

En 1995, je me suis installé devant le parking de Canal+ avec une grosse pancarte sur laquelle il était écrit : « Un nouvel animateur chez vous en moins de 30 secondes, appelez vite ». Michel Denisot m’a fait entrer et c’est parti comme ça. Après, j’ai bossé pour M6 comme chargé de promotion et auteur, puis avec Ardisson, pour Top Music ou j’animais les matinales du week-end, avant de partir faire de la radio au Québec pendant quelques mois. Je suis revenu à Paris, j’ai créé une boîte dans l’événementiel, j’ai même écrit un guide à l’usage des futurs mariés. En m’installant définitivement en Alsace, il y a neuf ans, j’ai fondé une association qui regroupait les professionnels du spectacle, des arts et des médias (un club qui n’existe plus aujourd’hui).

Et aujourd’hui vous êtes magicien…

J’ai toujours été attiré par la magie. Gamin, je rêvais de recevoir des boîtes de magie. Quand j’ai créé ma société d’événementiel, j’engageais des magiciens pour des soirées et à force de les voir à l’œuvre, cela m’a donné envie. Du coup, j’ai pris des cours du soir à la fédération pendant deux ans pour acquérir les bases, j’ai passé l’examen d’entrée et j’ai commencé à faire de la magie. Après, j’ai fait une petite pause pour faire des voix de doublage radio et télé, mais aujourd’hui je ne fais que cela. 

Vous dites que vous pratiquez une magie conviviale avec humour, dérision et autodérision, c’est-à-dire ?

Je ne fais pas de la magie pour les magiciens. On m’a proposé de faire quatre ou cinq fois La France a un incroyable talent ou des choses comme ça, je n’ai pas besoin de ça. Pour moi, c’est le public et les gens qui comptent. Je fais ce métier pour les rencontres, pour le partage et j’ai la chance de gagner ma vie comme magicien. Je me vois beaucoup plus comme un magicien d’antan qui allait de village en village en roulotte. 

C’est vrai que c’est un très vieux métier.

Oui, avec la prostitution ça doit être l’un des plus vieux métiers du monde. On les appelait autrement, mais il y a toujours eu des magiciens. C’est le seul métier où tu as le droit de mentir, tu es même payé pour ça. 

Parfois il y a une connotation un peu ringarde dans la pratique du métier de magicien, non ?

Oui tout à fait, avec le chapeau, la baguette et le lapin qui restent dans l’esprit des enfants. Mais il y a aussi un renouveau. En France, on est plutôt bons, nous avons des magiciens de niveau international, comme Xavier Mortimer (élu deux années de suite meilleur magicien à Las Vegas) qui rivalise avec des gens comme David Copperfield. Moi, je préfère travailler pour des particuliers ou des entreprises. Ce métier me permet de côtoyer toutes les tranches sociales, c’est ce qui me plaît.

Depuis l’été dernier, vous êtes le seul magicien en Alsace à être diplômé du B.I.A.C, le brevet fédéral d’initiateur aux arts magiques qui est très reconnu pour enseigner la magie aux enfants et aux ados, c’est une réussite ? 

Oui, je propose des stages et des ateliers magie, mais je ne me considère pas comme un prof, plutôt comme un initiateur. Je suis plutôt l’étincelle qui donne envie aux jeunes de continuer. Si c’est le cas, je les oriente vers les clubs de la fédération comme le Monswiller Magic Club ou le Cercle magique d’Alsace à Lingolsheim.

Qu’est-ce qui est magique pour vous dans la vie ? 

Dans mon métier, c’est le sourire des enfants. Quand ils viennent me voir à la fin des spectacles, quand ils me posent plein de questions, quand je vois leurs yeux qui pétillent, cela me donne la pêche pour le reste de la journée. Pour moi ça, c’est magique. 

Vous imaginez la suite de votre carrière professionnelle dans la magie ? 

J’aime ce que je fais, j’ai très envie de continuer. Je voudrais créer un festival pour les jeunes avec plein de magiciens du monde entier, mais seulement ceux qui sont spécialisés dans la magie pour enfants. J’ai plein de projets, mais la vie a été faite de rencontres, elle m’a déjà réservé tellement de surprises. J’ai fait beaucoup de métiers et celui de magicien est l’un de ceux que je préfère, mais je reste toujours ouvert.

Pendant cette période de Covid, vous arrivez à trouver du travail ? 

Oui, car je travaille pour les enfants, en milieux scolaires ou périscolaires avec des protocoles sanitaires que je connais très bien. J’ai beaucoup plus d’opportunités que ceux qui font de la magie pour adultes. C’est vrai que je fais moins de spectacles, mais je donne plus de stages pendant les vacances scolaires. Même pendant cette crise, je n’ai pas à me
plaindre.