Jean-Luc Hoffmann, Par monts et par « veaux »

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Jean-Luc Hoffmann

Deux ans après le prix national « Stars et Métiers », Jean-Luc Hoffmann, boucher à Haguenau, vient d’être élu Président de la corporation des bouchers charcutiers traiteurs du Bas-Rhin. Il est aussi vice-président de la section du Bas-Rhin de la Chambre de Métiers d’Alsace. Toujours à la tête de deux enseignes, Route de Soufflenheim et Grand-Rue, le boucher « connecté » poursuit sa route avec passion et détermination. 

Vous êtes engagé depuis quinze ans pour votre corporation, votre élection est la suite logique de cet engagement ? 

Oui, j’ai toujours eu envie d’assurer la pérennité de notre métier. Ce n’est pas en attendant, ce n’est pas en laissant faire que l’on arrive à faire bouger les lignes. Les artisans ont une carte à jouer: la proximité avec les fournisseurs, nos produits artisanaux et uniques que l’on ne trouve pas en grande surface, l’écoute des préoccupations de nos clients, ce sont des points forts que nous défendons. 

Un mot sur vos ambitions en tant que Président de la corporation !

Je me sens redevable de quelque chose : les adhérents payent une cotisation et je veux qu’ils soient satisfaits. Je souhaite qu’ils sentent que l’on appartient tous au même groupe, que nous sommes une famille regroupée autour de valeurs qui nous sont chères. Je veux aussi proposer l’organisation de stages ou de séminaires. J’ai commencé par une conférence sur la réduction des teneurs en sel et en gras dans la charcuterie. Je veux que l’on soit visible, que l’on parle de nous. Nous allons également lutter contre le gaspillage alimentaire : je travaille avec l’application Too Good To Go qui permet de vendre à prix cassés des produits qui arrivent à date plus un ou zéro, des produits encore totalement mangeables : on prépare des petits paquets que l’on vend à moins de quatre euros, c’est un paquet surprise d’une valeur de douze euros (avec de la tourte, de la charcuterie, des steaks, etc.), tout ce que l’on peut trouver dans une boucherie. Au mois de janvier, j’en ai vendu presque deux cents. L’idée n’est pas de gagner de l’argent, mais de lutter contre le gaspillage. Je suis ouvert, j’écouterai tout le monde. Si quelqu’un rencontre des difficultés, je suis prêt à l’aider, à partager. Nous ne sommes pas en concurrence entre bouchers. Notre concurrence est la grande distribution, et puis la malbouffe.

Vous êtes toujours un boucher connecté ?

Oui, je suis en train de travailler sur une application pour commander en ligne, et passer directement à la caisse chez son boucher.

Un mot sur l’apprentissage, toujours cher à vos yeux !

Nous sommes des maîtres d’apprentissage par excellence, il faut que les bouchers charcutiers engagent plus d’apprentis pour veiller à la pérennité de notre métier. Former les jeunes apporte beaucoup de joie. Chez moi, le chef charcutier à 24 ans, je suis très heureux de travailler avec des jeunes.

Le contexte actuel est de plus en plus difficile. Par exemple, quelle est votre position sur les abattoirs ?

Il faut d’abord dire que nous avons l’habitude de travailler avec des viandes qui ont un âge certain, ce ne sont pas des bêtes faites à la va-vite, ce ne sont pas des baby-beef, ce sont des génisses qui ont le temps de grandir, de s’épanouir. Et puis, nous travaillons avec des abattoirs qui respectent notre charte, dans le respect de l’animal. Le boucher respecte le travail de l’éleveur, il respecte la viande. Aujourd’hui, il faut manger moins de viande, mais mieux ; il faut consommer des bêtes élevées dans les champs.