Jacky Djackenew – « Je veux rester droit dans mes bottes »

Dans la rue, Jacky ne passe pas inaperçu. Certains le saluent en l’appelant tonton, d’autres lui font un geste de la main. Difficile pour lui de passer incognito dans sa ville de cœur, Brumath, où il habite avec sa famille depuis trente-cinq ans. Employé dans la logistique, il est le reporter-bénévole star de sa commune sur la page Facebook Brumath en Alsace. À côté, il est également le Professeur Djack d’Alsace, créateur de sketches en alsacien. Mais avant tout ça, Jacky a eu plusieurs vies et a côtoyé de nombreuses personnalités. Il confie même qu’à une époque, il déposait les Maxi Flash dans les boîtes aux lettres…

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©Léo Doré

Jacky, vous vous qualifiez de « reporter-bénévole ». En quoi consiste cette activité ?

Jacky Djackenew : Tout a commencé lorsque j’étais sur la page Facebook T’es originaire de Brumath si… avec ma famille. La page était devenue inactive et personne ne postait dessus. Fin 2015, nous avons décidé de créer un autre groupe : Brumath en Alsace. En 2016, j’ai commencé à poster des vidéos, des photos et même des articles. Je m’intéressais à tout ce qu’il se passait dans la ville. Au fur et à mesure, j’ai commencé à me montrer et la page a gonflé. Aujourd’hui, près de 8000 membres nous ont rejoints. Je mets en avant des anonymes, des commerçants, des politiques et même des événements. En faisant tout ça, je suis libre et affilié à personne. Si j’avais commencé à travailler pour la mairie, comme c’était prévu à l’époque, je n’aurais pas cette liberté. Je veux rester droit dans mes bottes et que mes enfants soient fiers de moi.

Au lancement de la page Professeur Djack d’Alsace, Jacky s’est rapproché de Kévin Schmidt aka l’Alsachien. / ©DR

Mais votre histoire remonte à plus loin…

Effectivement. En 2006, j’ai commencé à travailler pour une chanteuse de Bernolsheim : Lauriane. J’étais son homme à tout faire, mais surtout son webmaster. Grâce à ça, j’ai fait la rencontre des Tribal King, alors qu’ils venaient de sortir leur titre phare, Façon Sex (disque de platine). Je me suis tout de suite entendu avec les deux chanteurs alsaciens, notamment David Ployer, plus connu sous le nom de Sepi, son personnage célèbre dans la région. J’ai commencé à gérer leurs réseaux sociaux «en sous-marin» jusqu’en 2012. Via les Tribal King, j’ai rencontré Shalya et Papa London, deux autres artistes. Leurs communautés représentaient des dizaines de milliers de membres. Pour l’anecdote : Sepi et Papa London ont fait des tartes flambées pour la première fois de leur vie chez moi.

Vous êtes aussi connu sous le nom de Professeur Djack d’Alsace !

J’ai créé cette page en 2013 et c’est avec elle que j’ai fait mes plus belles rencontres. Dessus, j’ai commencé à faire des vidéos humoristiques avec des Alsaciens du coin comme Kévin Schmidt, l’Alsachien, à qui je dois beaucoup. Il m’a beaucoup mis en avant. C’est une étape importante de ma vie et ça m’a ouvert d’autres portes. J’ai aussi fait la découverte d’autres personnes, comme Mike Brandon, originaire de Schweighouse-sur-Moder, Steve Maire de No Limits et Nicolas Rieffel que j’ai connu grâce aux actions contre le cancer, ou encore Cyril Schreiner, un célèbre créateur de vidéos alsacien, qui cumule près de sept millions d’abonnés sur TikTok. Il y a aussi eu Laurent Arnoult, que j’ai connu quand il est venu se produire à Brumath. On s’est présenté et on s’est lié d’amitié. J’ai aussi été en lien avec Marcus et l’équipe de Game One. On s’est rencontré plusieurs fois, on a mangé ensemble et on a fait des émissions, en lien avec le dialecte alsacien. Par la suite, j’ai continué à réaliser des sketches avec des Brumathois et d’autres originaires de la région, notamment dans La Maison des Secrets en Alsace ou encore La Picole Municipale.

Jacky avec les Tribal King, en 2006 / ©DR

Nous l’avons vérifié depuis le début de l’interview, mais vous êtes beaucoup reconnu à Brumath ! Comment le gérer au quotidien ?

Quand on se balade dans la rue avec ma femme et mes enfants, ça les rend dingues. Ils n’aiment pas. On ne fait pas cent mètres sans que je m’arrête pour discuter. Ils préfèrent se promener sans moi. Quand mes enfants étaient au collège à l’époque où je ne faisais que des sketches en alsacien sur Professeur Djack d’Alsace, ils étaient moqués à cause de ce que je faisais. Mais les choses ont changé, heureusement.

Le dialecte alsacien a beaucoup d’importance pour vous, n’est-ce pas ?

Bien sûr. À l’époque, quand j’étais jeune, je ne savais pas parler français. Je ne parlais qu’alsacien et c’était comme ça pour tout le monde à Offendorf, où je suis né. Chez ma grand-mère, il n’y avait que de l’allemand, que ce soit à la télévision ou dans les journaux. C’est au collège que j’ai commencé à m’ouvrir, notamment avec la musique anglaise et les dessins animés en français. C’est pour ça que je mélange l’alsacien et le français quand je parle. J’ai du mal à trouver les mots.

Vous vous affichez souvent aux côtés de figures politiques comme Etienne Wolf, Vincent Thiébaut et même Edouard Philippe plus récemment. Mettez-vous un point d’honneur à ne pas prendre parti ?

Je ne prends jamais parti. Pour moi la politique, ce sont les personnes, ce sont eux que je filme et que je mets en avant, pas leurs idées. Certains ont déjà essayé de profiter de ma notoriété naissante, mais je fais attention. La preuve, je suis ami avec le député Vincent Thiebault (LREM) et le maire de Brumath, Etienne Wolf (LR). D’ailleurs, lorsque je souhaite faire un reportage un peu délicat, où je peux craindre des répercussions, je l’appelle sur son portable personnel. Je lui demande si je dois le faire ou pas, j’attends ses conseils. Ça lui arrive de me dire de ne pas y toucher et d’en rester loin. Autrement, une fois que je serai à la retraite, je n’exclus pas d’entrer en politique en rejoignant la commune.

Jacky a pu rencontrer l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, début juin. / ©DR

Vous aviez aussi un lien très fort avec Bernard Stalter, entrepreneur et homme politique originaire de Brumath.

J’étais très proche de lui. Il a tout fait pour moi. Il n’est plus parmi nous, mais il me guide toujours : c’est ma bonne étoile. Nous avions prévu beaucoup de choses ensemble. Je m’inspirais et je m’inspire toujours de lui. Je me souviendrai toujours de la fois où il a décroché le téléphone pour moi alors qu’il était en rendez-vous avec Bruno Le Maire.

Quels sont vos futurs projets, Jacky ?

Je vais bientôt commencer des vidéos avec Damiano Mellone, acteur central de l’émission On en parle, et qui apparaît souvent sur Top Music et France 3. Il a des idées, mais je ne sais pas encore quoi. Avec Steve Maire, nous souhaitons également trouver un concept. En projet personnel, je vais prochainement lancer Les Brumathois vous racontent. Chacun pourra raconter une histoire de sa vie, une passion, etc.