Gérard Cardonne : « Les écrivains doivent dire la vérité, et si on n’en est pas capable, on se ment à soi-même »

L’écrivain Gérard Cardonne, né à Colmar, a récemment pris la présidence de la Société des écrivains d’Alsace et de Lorraine (SEAL). Tout au long de sa carrière, cet ancien militaire est resté droit dans ses bottes : prendre les armes ou la plume pour défendre des idéaux.

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Gérard Cardonne vient de prendre la présidence de la Société des écrivains. / ©DR
Maxi Flash : Gérard Cardonne, vous avez 86 ans et près de 40 ouvrages à votre actif. Après une carrière militaire, comment êtes-vous devenu écrivain ?

J’ai une vie et une trajectoire erratiques. Arrivé à un certain âge, je me suis dit « fais ce que tu aimes » et je me suis mis à écrire, car je suis littéraire jusqu’au bout des doigts. Comme lorsque j’étais militaire, l’écriture pour moi, ce n’est pas rester dans son bureau, je ne conçois ça qu’à l’extérieur et je suis parti en Algérie, Tunisie, Afghanistan, Bosnie-Herzégovine, Azerbaïdjan… J’ai pris comme thème de base les droits de la femme dans le monde. J’ai fait beaucoup de conférences et je conseillais toujours aux gens quand ils partent faire du tourisme, « ne demandez pas ce qu’il y a à manger ou à voir, demandez les droits de la femme ». Je peux vous dire que dans la salle, il y a beaucoup de têtes qui se raidissent. J’écris aussi beaucoup dans les journaux, et puis on m’a affublé du titre de Reporter sans frontières.

Et vous êtes entré à la SEAL il y a vingt ans, avant d’en prendre la présidence fin 2021…

Après 20 ans de présence au comité, et la pression des camarades, le confinement qui provoque aussi un confinement des esprits, j’ai accepté d’en prendre la présidence. C’est une belle opération, ça permet de côtoyer des gens différents, qui écrivent dans des styles et un esprit différents, on s’enrichit toujours, certains sont devenus des amis. Je suis très satisfait, très engagé, j’ai envie de faire des choses et on va les faire.

Quel est votre état d’esprit d’écrivain aujourd’hui ?

Quand il pleut, moi je dis il pleut, pas la peine de dire il neige. On écrit pour être lu, les écrivains doivent dire la vérité, et si on n’en est pas capable, on se ment à soi-même. Je défends mes idées, mais toujours sur des faits. Si je vais faire un reportage en Bosnie-Herzégovine, c’est pour me battre, prendre une kalachnikov. Pareil en Afghanistan, avec le commandant Massoud, qui a fait la préface de mon livre La nuit afghane. C’est un grand bonhomme, j’ai une grande admiration pour lui. Parallèlement à l’écriture, j’essaie aussi d’être concret sur le terrain. J’ai créé des écoles, des salles d’art, des orphelinats, et une association, le Cercle du Rhin International. Quatre jeunes Afghanes ont eu des bourses, mais on n’a plus de nouvelles malheureusement… Je suis d’un naturel optimiste, mais pessimiste pour les femmes. C’est une honte pour l’Occident. Pour l’argent, on est capable de se mettre à genoux, mais pas pour les femmes et les enfants.