Gayane Ishkhanyan, Elle écrit de la poésie pour guérir ses blessures.

« Dès le premier atelier, j’ai partagé ma vision de la poésie avec les élèves », explique Gayane Ishkhanyan. Et cette vision est née de sa passion pour l’écriture quand elle était enfant en Russie. Depuis, la jeune arménienne vit en France, elle est devenue assistante d’éducation à Haguenau et maman. Nous avons trouvé quelques instants pendant que son bébé dormait pour parler de son recueil La Sortie de nos pensées.

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Depuis quand écrivez-vous ?

Depuis l’âge de 11 ans, c’est venu comme ça. Je ne pouvais pas parler de ce qui m’arrivait, je me suis mise à écrire. J’avoue que je me demande ce qui m‘aiderait s’il n’y avait pas la poésie. C’est une amie, un remède. J’ai du mal à imaginer ma vie sans elle. J’ai d‘abord écrit en arménien ; quand je suis arrivée en France en 2009, j’ai arrêté et j’ai repris en 2017. C’est une épreuve qui a déclenché ce besoin, et j’ai voulu le faire en français. J’ai prié pour y arriver, pour réaliser mon rêve d’éditer un recueil.

Et vous avez créé un club de poésie à Haguenau ?

Oui. Pour les élèves du lycée qui comme moi écrivaient dans leur coin. J’essaye de faire revivre la poésie à ma manière et de sensibiliser la jeunesse comme je peux. Nous avons organisé plusieurs soirées poétiques pour présenter nos compositions et l’aventure continue. Les intéressées peuvent nous suivre sur le compte Instagram (@poesieclubhaguenau) et les jeunes poètes sont les bienvenus dans notre club. Je souhaite sortir, au-delà des murs du lycée, d’où le nom du recueil «La Sortie de nos pensées» qui nous a permis de nous faire connaître.

C’est quoi la poésie pour vous ?

Le poème est composé de trois éléments indispensables : le ou les messages, les émotions à transmettre et les rimes, la musicalité. Je dis souvent que je veux partager mes poèmes par tous les moyens et avec tous. Pourquoi ? Parce que je parle de mes échecs, de mes peurs. J’ai choisi d’être «transparente », de dire les choses comme elles sont. Je n’ai pas peur d’être jugée, du regard des autres. J’ose espérer que le lecteur, en lisant mes poèmes, se retrouvera dans mes vers, qu’il se dira que finalement ce n’est pas si grave ce qu’il endure, qu’il n’est pas le seul dans cette situation, que dans tous les cas il faudra avancer, garder confiance, même si on a l’impression d’être le seul à y croire. J’ose espérer que certaines personnes vont se questionner et que ce livre pourra guérir quelqu’un d’autre que moi.    

Extraits

L’Âme n’est pas obéissante

J’aimerais pouvoir maîtriser mes pensées

Car je me trouve dans un grand fossé,

Et je ne sais plus quel chemin prendre

Lorsque mon cœur ne veut rien comprendre

Je devrais savoir faire attention

Avec sa fertile imagination,

Outil nécessaire mais si dangereux,

Capable de détruire ou rendre heureux.

L’anneau de grâce

Ta présence a changé ma vie, te voilà une professe,

J’ai dit adieu à une partie de ma jeunesse,

Autrefois te porter m’a paru un désirable fardeau,

Actuellement, tu es mon cadeau le plus beau.