Fiat Tipo Cross Hybrid, retour à la réalité

Il y a six ans, la Fiat Tipo se lançait un pari ambitieux: proposer une berline compacte bien sous tout rapport à un tarif défiant toute concurrence. L’idée était séduisante mais n’a jamais eu d’écho auprès des acheteurs. La réalité rattrape aujourd’hui la belle italienne qui passe à l’hybridation, mais perd une partie de son avantage tarifaire.

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La Fiat Tipo délaisse sa déclinaison berline 4-portes pour se concentrer sur la version Cross, qui fait des clins d’œil aux SUV. Elle y perd en attractivité tarifaire mais gagne un bloc hybride. / ©dR

Quelques années avant le mariage de raison entre PSA et Fiat, Sergio Marchionne, l’homme fort d’alors, avait entrepris une importante restructuration de l’organigramme de la firme italienne. Alfa Romeo devait incarner le segment premium, Maserati viser le luxe et Ferrari s’occuper du très haut de gamme sportif. Lada fut sacrifié et Fiat devait regrouper jeunes (avec la 500), et grand public avec des modèles abordables comme la Punto et la Tipo.

En 2016, la berline compacte revenait avec un plan ambitieux : se rapprocher de la stratégie de Dacia chez Renault en proposant un véhicule bien conçu à un tarif défiant toute concurrence. La Tipo devait s’attaquer aux Peugeot 308, Renault Megane et autres Volkswagen Golf, tout en proposant un tarif bien plus serré que ses illustres concurrentes. Le pari était même relevé. Mais de la bonne idée à la réussite commerciale, il y a souvent un gouffre que la Tipo n’a pas réussi à combler. Les décideurs ont revu leur copie, modifié le catalogue, tant et si bien qu’aujourd’hui, la berline n’est plus disponible qu’en version Cross surélevée ou break. Les tarifs d’entrée ont suivi cette montée en gamme, passant de 11 990 euros pour la version quatre portes du lancement, à 21 480 euros aujourd’hui avec le moteur 100 ch. L’arrivée de l’hybridation arrive ainsi à temps pour relancer l’intérêt d’une proposition qui s’est petit à petit fondue dans la masse.

L’hybridation montre les muscles

La Tipo hérite du moteur hybride déjà présent sur l’Alfa Romeo Tonale, le Jeep Compass e-Hybrid ou la Fiat 500x Hybrid. Il s’agit d’un 4-cylindres essence de 130 ch associé à la fois à un désormais classique alterno-démarreur de 48V (mild-hybride) et à un petit moteur électrique de 20 ch collé à la boîte de vitesses automatique à sept rapports. Il lui est ainsi possible de rouler quelques mètres en 100 % électrique, le temps de réaliser la tâche la plus gourmande en énergie, l’accélération. La consommation et les émissions de CO2 sont réduites d’environ 10 %… en théorie. En pratique, il sera difficile de passer sous la barre des 6 litres/100 km. C’est bien, mais des moteurs essence non hybridés peuvent faire aussi bien.

La bonne nouvelle est toutefois que la Tipo s’offre une belle homologation 6D Full et échappe au malus écologique. Le comportement général colle parfaitement au profil statutaire de la berline qui se révèle être une excellente routière qui roulera bon train mais qui ne brillera pas par son dynamisme. L’habitacle est connu : le niveau de finition tout à fait acceptable. L’ensemble de la planche de bord est tout à fait fonctionnel et aucune incongruité ne dénote. L’équipement se concentre sur l’essentiel.

Au quotidien, la Tipo Cross fait même oublier les SUV, avec son habitabilité bluffante. Il n’y a donc pas grand-chose à reprocher à cette Tipo si ce n’est qu’elle perd de vue sa proposition initiale. Les tarifs de cette version hybride, qui débutent à 26 490 euros et culminent à près de 30 000 euros, ne font plus de l’Italienne un bon parti financier.