Didier Helmstetter : « Je suis un jardinier des idées »

En avril, Didier Helmstetter a sorti son troisième livre intitulé Le potager du paresseux frappé par le changement climatique. Alors que le monde se réchauffe, l’auteur alsacien dresse le bilan des impacts sur son potager.

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Didier Helmstetter dans son potager du paresseux. / ©DR

Vous avez décidé de dédier ce troisième opus aux effets du réchauffement climatique. Est-ce une suite logique ?

Oui. Je n’écris pas un livre sans raison. Il y a une dizaine d’années, j’ai arrêté d’arroser mon potager. La couverture permanente du sol avec du foin suffisait. Mes ces dernières années, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus le faire. C’est surtout 2019 qui a sonné l’alerte. Ce dernier livre,
Le potager du paresseux frappé par le changement climatique, c’est le bouquin d’un citoyen jardinier qui écoute ce qui se dit sur le changement climatique. Mais je voulais en savoir plus : que se passe-t-il concrètement chez moi, ici, à côté de Strasbourg ? Comment est-ce que cela impacte ma façon de jardiner ?

Est-ce que le réchauffement climatique a changé le jardinier que vous êtes ?

Tout à fait. Je ne dis pas que le changement climatique est bien, non. Jardiner l’été devient très difficile. Mais il y a aussi des aspects positifs. En ce moment, début septembre, tout pousse très bien. Des concombres, par exemple, ont poussé de 20 cm en deux jours. Attention, je ne voudrais pas transmettre un mauvais message. Le réchauffement est une catastrophe, mais même là-dedans il y a des opportunités. Il fait moins froid en hiver, alors pourquoi ne pas cultiver l’hiver ? Les -20° qu’ont pu connaître mes ancêtres, on ne sait plus ce que c’est. L’hiver dernier, la température la plus basse que j’ai enregistrée était de -9,6°. À cette température, je peux cultiver certains légumes. Il y a aussi beaucoup moins de parasites. Selon moi, jardiner comme le faisaient les anciens est aujourd’hui idiot.

Êtes-vous un militant ?

Non, je ne me définis pas comme un militant. Je suis plutôt un jardinier des idées. Je partage ce que je pense, comme un jardinier jette des graines. Mais je n’essaie pas d’influencer les gens, c’est là qu’est la différence. Un militant est un influenceur, qui, parfois au mépris de la vérité, défend une cause. Je pense que c’est une grave erreur de défendre une cause avec des idées qui sont fausses. C’est mon point de vue.

Avez-vous eu des retours ?

Oui. J’ai beaucoup échangé avec les gens. Bizarrement, personne ne me contredit. Pourtant, j’ai cette tendance à provoquer, à égratigner, juste pour éveiller l’attention. C’est un exercice délicat.