Danièle Gilbert , l’Alsacienne

Née le 20 mars 1943 à Chamalières, Danièle Gilbert débute à la télé en 1964. Son émission Midi Première, arrêtée en1982 est restée dans le cœur des Français de plusieurs générations. Ce que le public ignore souvent, ce sont ses origines alsaciennes, la moitié de sa famille vient de Saverne, et ses souvenirs de la région sont très vifs. Rencontre avec la petite fiancée de la France, qui aime tant les humains et les livres.

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Pour commencer, quelques mots sur vos origines alsaciennes ?

La moitié de ma famille était de Saverne, de la rue du haut Barr. C’est là que maman est née et que j’allais en vacances avec mes parents, chez ma grand-mère, jusqu’à l’âge de 12 ans. Je me souviens d’un nid de cigogne à côté de la charcuterie à Saverne, de la roseraie, des péniches qui passaient sur le canal, des reines-claudes dans le jardin, d’un petit coin où j’avais planté des fraises des bois, d’un concert gratuit au Château des Rohan à Saverne, j’avais quatre ans, pour la première fois j’ai vu chanter Charles Aznavour. Ma grand-mère alsacienne, qui a eu ma maman à 42 ans, ne parlait qu’allemand ou alsacien, elle était couturière. Pendant la guerre, maman a été évacuée à Clermont et c’est comme ça qu’elle a rencontré mon papa. Il a eu une vie très difficile, car il a été abandonné. Il a fait de la résistance et s’est retrouvé déporté à Dachau. J’ai toujours eu beaucoup de liens avec l’Est. J’ai fait une licence d’allemand, et hypokhâgne et, avec la télé, j’ai fait des émissions au Mont Sainte-Odile, au Haut-Kœnigsbourg, à Illhausern, au Château des Rohan ou à la Petite France à Strasbourg. Je me sens Alsacienne et Auvergnate.

De quoi est remplie votre vie aujourd’hui ?

Des 27 années de bonheur avec mon compagnon, mais aussi d’une grande tristesse, car cela va faire un an, le 2 novembre, qu’il est parti. C’était l’homme de ma vie, un homme brillant, intelligent et généreux. C’est très dur pour moi. Heureusement, j’ai la chance d’avoir mon frère et ma belle-sœur qui ont construit une très jolie famille. Nous sommes très fusionnels. C’est ma boule d’affection.

Vous avez toujours autant de projets ?

Oui. Une pièce de théâtre qui démarre en février, « Les trois Glorieuses » avec Sophie Darel et Évelyne Leclercq, nous partons en tournée jusqu’en 2021, mais je ne sais pas encore si nous passerons en Alsace. C’est ce qui m’intéresse dans ce métier, le théâtre, comme les animations ou les livres, tout est matière à partager avec les autres. Quand je faisais « l’émission » à la télé, c’était comme une pièce supplémentaire dans l’appartement de ma vie, j’étais heureuse de partager ma joie de vivre.

Quelle est la place des livres dans votre vie ?

Maman a été professeure de lettres classiques, il y avait toujours beaucoup de livres à la maison. On me demande souvent de raconter mes mémoires, ce que je fais. J’ai même envie d’écrire un roman. Je n’ai pas de prétention d’auteur, mais j’aime écrire. Je prends un crayon, un cahier et des feutres de différentes couleurs pour varier un peu, et je sais que le cœur va directement dans le crayon. C’est une belle manière de partager ce qui me touche avec le public. Il y a une chose qui est magnifique pour moi, c’est le public ; où que j’aille, on me parle comme si j’étais une connaissance. Je ne vis pas comme quelqu’un de connu, mais comme quelqu’un qui connaît beaucoup de monde, et j’ai l’impression d’être en France dans la rue de mon enfance. C’est inestimable, c’est un cadeau de la vie et je dis merci mon Dieu !