Claude Sturni, tout terrain

Le maire de Haguenau termine le premier tiers de son troisième mandat. Quatorze années à la tête de la deuxième ville du Bas-Rhin, et deux années de Covid forcément compliquées, mais aussi pleines de satisfactions. A la croisée des chemins, de la VLS et du GCO, la rédaction de Maxi Flash vous propose une rencontre de vive voix, sans les filtres des réseaux sociaux.

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Claude Sturni ©DR
L’Alsacienne de l’année, élue par Maxi Flash et le Nord Alsace est Haguenovienne. Cette première place remportée par Anne Schmitt vous a touché ?

Ah oui. Tout à fait. J’ai fait sa connaissance à l’occasion de la Haguenauvienne, je trouve que c’est une personnalité attachante, méritante. Qu’elle ait pu toucher un public, un lectorat aussi large, c’est réconfortant. On reparle de l’humain, des choses finalement essentielles. Dans cette période troublée qui est la nôtre, c’est un symbole intéressant.

Un mot sur le projet de territoire qui a pris un peu de retard.

Nous ne sommes pas partis d’une page blanche, mais la crise sanitaire a un peu freiné tout cela. Nous sommes prêts à aboutir, nous comptons le présenter au conseil communautaire dans ce trimestre. Ce projet de territoire est la déclinaison d’un plan d’action à court terme. Par exemple, pour la promotion de la lecture publique avec un développement plus important du réseau ou la notion de développement équilibré du territoire. Nous serons amenés à une sobriété foncière, tout en assurant à chaque famille la possibilité de venir habiter chez nous. On sent bien que les citoyens continuent à rêver d’un modèle, mais le prix du foncier est tel qu’il est devenu impossible pour beaucoup de se payer ce modèle, qui est le plus souvent une maison. C’est la mobilité avec la mise en place d’une nouvelle phase de développement des transports en commun pour que les jeunes puissent se déplacer entre nos communes, pour que cela permette d’aller vers les services publics, pas concentrés uniquement dans une seule ville.

Justement, à propos de mobilités, quand on regarde ce qui s’est passé et les protestations, comparée au GCO, la VLS est une grande réussite, même si elle a besoin d’un temps de réglage.

Il y a plusieurs années quand on me parlait de ce GCO, j’ai dit qu’il fallait soutenir cette infrastructure pour éviter que l’on soit, encore une fois, « cornerisé » dans l’Alsace du Nord. Donc, il faut que l’on arrive à passer le bouchon de Strasbourg. Il fallait un contournement, je n’ai pas de problème avec ça.

Quelqu’un vous a demandé votre avis pour la construction du GCO ?

Non. Mais nous l’avons donné. Il y avait à l’époque le Grenelle des mobilités voulu par les élus de l’Eurométropole ; on s’était exprimé, on a apporté notre contribution. C’était oui pour le GCO, mais nous avions un certain nombre de remarques à apporter, notamment sur la desserte ferroviaire comme alternative, sur la gare routière de Strasbourg. Nous avions apporté notre pierre à la construction de ce qui devait être une solution pour soulager Strasbourg, après je ne suis pas un élu strasbourgeois. Nous, on s’occupe de la VLS. Sa construction à l’échelle de notre territoire est un événement important. Il faut plusieurs semaines pour que l’on comprenne comment les gens s’approprient ce nouvel outil de circulation et de mobilité sur le territoire. Mais la VLS a très nettement amélioré la circulation des camions qui venaient au centre-ville et qui frôlaient la zone piétonne. Elle est devenue une partie des solutions de mobilités, alternative à la voiture, avec Ritmo qui empreinte le tronçon de la VLS et la piste cyclable éclairée de 5,5 km. On peut encore améliorer les choses, l’idée est toujours de favoriser la relation interquartiers et intercommunale.

Des bilans sont prévus ?

Oui, mais il faut laisser passer quelques mois, les comptages sont prévus en plusieurs étapes. La première aura lieu à la fin du printemps.
Dans cet entretien nous sommes obligés d’évoquer le faux départ du Nautiland, aujourd’hui tout va bien, c’est réglé ?
Oui. Dès le départ nous avons fait un choix. C’était de lier la conception, la construction, la mise en service et l’exploitation. Nous sommes toujours dans cette phase, Bouygues le concepteur-constructeur nous doit un équipement opérationnel. On savait que l’espace Wellness serait en service un peu plus tard, mais malgré les essais effectués, on ne savait pas que l’on rencontrerait des problèmes dans les espaces ludiques. Il était donc préférable de fermer, d’attendre que l’on nous livre l’équipement tel qu’on l’avait souhaité et commandé.

Il y a forcément un manque à gagner, qui l’assumera ?

Les discussions sont en cours. Nous aurons l’occasion d’en reparler le moment venu, mais ma priorité à ce stade était que l’équipement tourne et que les clients soient satisfaits.

N’avez-vous pas craint que ce raté entache l’image de la ville ?

On vous pose la question parce qu’aujourd’hui avec les réseaux sociaux, on peut dire tout et n’importe quoi, et certains ne s’en sont pas privés. Ceux qui ont quelque chose à critiquer le font très bien, ils ont trouvé un porte-voix avec les réseaux sociaux, mais ce qui me gêne, c’est que les satisfaits ne le disent jamais. Et puis, cette décision de fermer l’équipement ne m’a pas fait plaisir, évidemment, mais dans la vie d’une commune comme Haguenau, ce n’est pas dramatique.

C’est une nouvelle donnée dans la gestion d’une ville, ces réseaux sociaux qui sont en permanence les observateurs de ce qui ne fonctionne pas. Comment gérez-vous cela ?

J’y suis attentif, mais moi j’aime bien les contacts physiques. J’ai souhaité que l’on mette en place des solutions de rencontre. Celui qui a vraiment quelque chose sur le cœur doit trouver autre chose que les réseaux sociaux pour l’exprimer. J’attache beaucoup d’importance aux permanences d’élus, aux projets participatifs, au travail avec les habitants. On tient compte des avis des citoyens dans la limite de l’intérêt général. Mais parfois, quand quelqu’un croit qu’il a trouvé la solution, il peut créer un problème à quelqu’un d’autre. Je suis très heureux du résultat des budgets participatifs que l’on a lancés l’année dernière, nous avions quand même décidé d’y consacrer 200 000 € qui ont financé une quinzaine de projets. Nous allons renouveler l’opération.

Vous avez atteint le premier tiers de votre troisième mandat. Deux ans, deux années de Covid !

Oui, la gestion de la crise nous a pris beaucoup de temps. C’est vrai que nous n’avons pas pu avancer sur d’autres choses. Mais, je voudrais saluer les initiatives qui ont permis à notre territoire d’être résilient en matière de santé. Et je suis très fier, car notre ville ne s’est pas arrêtée ; elle a été animée, avec des protocoles qui n’ont pas arrêté de changer. Nous avons continué, en inventant d’autres formats, comme pour l’Humour des notes, et j’espère que l’on pourra retrouver une formule qui permettra de fêter dignement le 30e anniversaire de notre festival. Cette année, parmi les grands rendez-vous, il y aura aussi une suite aux assises de la ville durable du 20 au 22 mai et l’Agora 2022 qui a été déplacée à fin septembre.

Propos recueillis par Solann Battin & Éric Genetet