Cathy Bernecker : Mademoiselle Alsace

Cathy Bernecker est née à Wissembourg, elle a grandi à Lembach. Mademoiselle Mamsell aime la saveur des expressions populaires en alsacien. Ses regards sur l’Alsace d’aujourd’hui sont compilés dans son spectacle qu’elle revient jouer à La Saline de Soultz-Sous-Forêts le 19 octobre à 20h30, un prolongement de ce qu’elle fait sur France 3 Alsace. Comédienne, cabarettiste, metteuse en scène, chanteuse et auteure du livre « L’Alsace racontée aux cancres », Cathy Bernecker est une grande voix de l’Alsace.

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Dans Mademoiselle Mamsell, votre double, un spectacle qui a évolué au fil du temps, il est évidemment question de ce qui vous tient le plus à cœur dans votre vie professionnelle, la langue ? 

La langue, absolument. Le premier spectacle a été créé en 2003, le deuxième en 2006, et celui que je vais jouer le 19 octobre est né deux ou trois ans après. De nouveaux textes arrivent au fil de l’actualité, ils sont de Christian Hahn, un autre enfant de l’Outre Forêt puisqu’il a grandi à Soultz-sous-Forêts. Après les spectacles, mon vocabulaire s’enrichit, car les gens viennent me voir et me disent qu’ils sont heureux d’avoir retrouvé des expressions de la langue alsacienne qu’ils n’avaient pas entendues depuis longtemps, que leurs grands-parents leur disaient ceci ou cela, et moi je chope des expressions que l’on ne trouve pas dans les livres. Il y a des choses qui circulent très localement, dans chaque village des personnages « lancent » des aphorismes.

Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

En matière de cabaret, qui est vraiment l’ADN de l’Alsace du spectacle, j’ai travaillé avec tout le monde : Le Barabli, La Revue scoute, La Choucrouterie. À un moment, j’ai pris un virage vers le théâtre en langue française, j’ai fait mon petit parcours aussi, un peu de mises en scène, Alex Lutz m’a appelé plusieurs fois en tant qu’assistante sur ses mises en scène avec Pierre Palmade et Michèle Laroque ou sur l’émission Le débarquement pour Canal+, ou encore pour la soirée des Molières qu’il a animée, j’ai travaillé en Allemagne en langue allemande également. J’ai eu, grâce à Roger Siffer, la chance de créer un tour de chant, des textes en alsacien de Henri Mertz et Christian Hahn sur des musiques de Cookie Dingler. Je crois que je suis de nature plutôt modeste, mais je suis fière de mon parcours. Je me dis, Bernecker, c’est pas si mal !

Après les spectacles, mon vocabulaire s’enrichit

Avez-vous été tentée par une carrière plus parisienne, plus nationale ?

Bien sûr, j’y ai songé, mais cela veut dire qu’il faut s’arracher de la région. Franchement, je ne me faisais pas assez confiance. En Alsace, j’avais de quoi faire.

Vous êtes une vraie citoyenne du nord de l’Alsace, que représente cette partie de la région pour vous ?

D’abord, c’est là où le dialecte est encore le plus parlé. Tu peux l’entendre dans les rues, parlé par des gamins, ça c’est magnifique, c’est merveilleux. Et puis, il y a un côté plus sauvage, plus préservé peut-être qu’ailleurs dans le reste de la région.

Quels sont vos projets ? 

Après la représentation de Mamsell à Soultz, je commence les répétitions d’un « Violon sur le toit », une création de l’Opéra du Rhin. J’ai été engagée pour le rôle (parlé, pas chanté !!) de la marieuse.

Pour finir, je vous ai demandé de choisir un objet et de le prendre en photo…

C’est un dessin de Chipie qui était la chienne de mon compagnon Cookie Dingler, ils sont entrés dans ma vie tous les deux en même temps. Elle m’a un peu choisi, j’ai pu l’emmener partout, elle a même joué dans un spectacle. Elle avait adopté notre rythme, se couchait tard, traînait dans les bars avec nous, et elle ne se levait pas avant deux ou trois heures de l’après-midi. Elle était incroyable.