Bischwiller – « Tisser un poème qui parle à beaucoup de personnes »

Tout au long de l’année, la ville de Bischwiller décline sa thématique “Ici et ailleurs” : l’œuvre participative démarrée en avril par l’artiste graphique Gwendoline Dulat va bientôt voir le jour le long de la Trame verte.

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Gwendoline Dulat a recueilli les témoignages des Bischwillerois pour en faire une œuvre collective. / ©DR

Comment avez-vous fait vôtre la thématique de la Ville “Ici et ailleurs” ?

Gwendoline Dulat : J’ai imaginé un projet de structure qui s’appelle “Ici est là-bas” ou “Là-bas est ici”, ça peut se lire dans les deux sens. La première étape consistait à
recueillir des témoignages d’habitants autour du lien entre Bischwiller et une autre ville. Nous avons été au centre hospitalier, au diaconat, à la piscine, à la bibliothèque, au CSC… Les gens ont parlé de Vestra, comme ce camionneur qui faisait le trajet régulièrement jusqu’à l’usine textile. Les personnes âgées ont évoqué la guerre, l’interdiction de parler français à l’école, d’autres se sont rappelé la construction de la piscine…

Et que deviendront ces paroles ?

On va garder des mots ou des phrases pour tisser des poèmes qui touchent la sphère individuelle, mais parlent à beaucoup de personnes, sans nommer de pays, mais en remplaçant par ici ou là-bas, que ce soit Strasbourg, la Turquie ou l’Algérie. Les témoignages se croisent en faisant le lien entre attachement au pays d’enfance et au pays actuel. Au final, les choses qu’apprécie un habitant qui vient de Guadeloupe sont les mêmes qu’à Bischwiller, en termes de mixité et d’ouverture, il ne manque que la mer !

La structure sera mise en place en novembre sur la Trame verte, quelles sont les prochaines étapes ?

Nous avons aussi fait dessiner des drapeaux et des évocations de frontières géographiques lors d’ateliers graphiques, et fait un travail préparatif de pochoir sur carton qui a été installé le long de la Trame verte. Au final, un forgeron construira la structure en métal et moi j’aurais un gros mois de peinture…

Votre compagnie basée à Strasbourg, BIG, réalise d’autres projets citoyens ?

Oui, depuis 2018, nous faisons des projets participatifs dans l’espace public, principalement dans le Grand Est, mais aussi le Nord, la Bretagne, la Drôme… J’ai un parcours de graphiste et après mon diplôme, je suis partie à la rencontre des cartonnera en Amérique du Sud. Ce sont des maisons d’édition auto-gérées, qui éditent des livres avec une couverture peinte dans les quartiers. Ce sont des objets très forts, qui témoignent de l’économie circulaire, de l’ouverture culturelle et du lien social. C’est ce que j’ai cherché à remettre en œuvre.