Audi RS Q8, super-prédateur

L’inédit RS Q8 vient se placer au sommet de la chaîne alimentaire d’Audi. Ce bouillonnant vaisseau amiral, complètement anachronique, a le même ADN que le Porsche Cayenne ou le très élitiste Lamborghini Urus. Un monstre de puissance et de plaisir brut.

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Comment répondre aux attaques de Mercedes, qui a dégainé son AMG GLE (585 ch) et de BMW, qui n’est pas en reste avec son X6 M Compétition (625 ch) ? En sortant sa propre arme de destruction massive, bien sûr ! C’est sur quoi a planché Audi ces dernières années. Les Anneaux ont pu, pour cela, profiter d’une redoutable synergie de groupe dont l’efficacité est parfaitement huilée. Avant le RS Q8, d’autres grands fauves labellisés Volkswagen ont déjà montré leurs crocs. Il y a bien entendu le Porsche Cayenne Turbo, fort de 550 ch, et, surtout, le Lamborghini Urus, best-seller surprise affichant 650 ch et considéré comme le SUV sportif le plus radical. Audi a donc pioché dans cette solide banque d’organes pour concevoir sa chimère.

Puissance et maîtrise

Le châssis, le moteur et la transmission sont très proches de ceux utilisés par ses cousins. Sous le capot, on retrouve ainsi l’indéboulonnable 4 l V8 bi-turbo qui équipe tous les véhicules de prestiges VW – limousines, SUV ou berlines sportives. Les ingénieurs ont décidé de placer le niveau de puissance à mi-chemin du Cayenne et de l’Urus, soit 600 ch tout rond. Selon que l’on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide, on considérera que ce RS Q8 est un Cayenne musclé ou un Urus diminué. La réalité est pourtant bien différente et ce modèle le rappelle avec brio, dès les premiers tours de roue.

Le volant entièrement recouvert d’Alcantara et l’ambiance chirurgicalement high-tech de cet habitacle parfaitement fini ne rendent pas immédiatement hommage au caractère ténébreux de la bête. Certes, ce monstre placide de 2,3 t brille d’abord par sa polyvalence. Le V8 se montre sage en ville où sa souplesse étonne. Mais dès que l’on active le mode Dynamic, sa véritable nature se révèle. Le fauve bondit puissamment, atteignant les 100 km/h en 3,8 s, soit aussi brièvement qu’une Audi R6 Avant, au Cx pourtant bien plus avantageux. Quelle sensation unique ! Quel sentiment de plénitude mêlant force brute et maîtrise absolue !

La carrosserie surélevée et les kilos en trop n’altèrent en rien le comportement dynamique du SUV qui se joue du roulis et des mouvements de caisse pour mieux plonger dans les courbes et les dévorer. Il peut remercier la fiabilité sans faille du châssis et la transmission intégrale maison. Le freinage, porté par les disques en céramique et en carbone les plus gros jamais posés sur une voiture de série, n’est pas non plus étranger à ce comportement impeccable. Les chiffres ne trompent pas : le RS Q8 a croqué la concurrence sur la célèbre Boucle Nord du Nürburgring en devenant le SUV le plus rapide à s’y être élancé. Une telle forme physique se paie toutefois au niveau des consommations. La micro-hybridation de 48 V n’y change rien. Ce félin-là ne se contente pas d’amour et d’eau fraîche : les 10 l aux 100 km sont régulièrement dépassés.

Pour le reste, tout n’est que luxe, calme et volupté. Les passagers arrière sont mieux lotis que dans un BMW X6, ce qui n’est pas peu dire, avec l’impression d’évoluer dans une limousine. Les sièges avant offrent un maintien remarquable en adéquation avec le caractère sulfureux du RS Q8, tandis que la présentation articulée autour de trois grands écrans témoigne du savoir technologique impressionnant d’Audi. Ce bolide ne pouvait se permettre de proposer moins, tant la concurrence est rude sur le segment des SUV ultra-sportifs. Une concurrence interne, comme on l’a vu, avec le Cayenne Coupé Turbo qui s’affiche à 149 217 € et avec le Lamborghini Urus, à 212 416 €; mais aussi externe, avec le BMW X6 M (148 200 €) et le Mercedes AMG GLE 63 S Coupé qui s’apprête à pointer le bout de sa calandre carnassière. À 154 900 €, soit près de 40 000 € de plus que le SQ8 TDI, le seigneur des Anneaux ne se brade pas. La guerre est quoi qu’il en soit déclarée.